Les objurgations des religieux en faveur d’un retour au calme dans la cité, pour une reprise du dialogue inter guinéen dans la sérénité, sont tombées dans des oreilles sourdes. En effet, les forces vives auxquelles s’adressait cet appel du pied des muftis, se sont montrées assez rétives à ces prêches. Décelant plutôt un contresens dans l'attitude des hommes de Dieu qui, sans aucun résultat probant dans la médiation, dont ils ont la charge de conduire, les invitent à entrer dans le rang. Chose qu’elles rejettent poliment.
Les forces vives de Guinée seront
dans la rue demain mercredi et le jour suivant, comme indiqué dans leur
chronogramme de marche pacifique, pour un retour rapide à l’ordre
constitutionnel. Sauf cas de force majeure. Les dés sont en tout jetés.
Car mêmes les litanies des chefs
religieux ne sont pas parvenues à les faire abjurer. Ceux-ci avaient, il faut
le rappeler, lancé un appel à surseoir aux manifestations, et à privilégier le
dialogue. Au terme d’une rencontre qu’ils ont eue avec le Premier ministre
dimanche dernier, dans le cadre de la reprise de leur médiation entre la junte
et les forces vives.
Dans une déclaration rendue
publique ce lundi, les forces vives, sans désavouer les religieux, ont
toutefois réitéré leur détermination à poursuivre leurs marches pacifiques, tel
que prévu pour le mercredi 17 et le jeudi 18 mai.
Cela tant que les autorités de la
transition n’accèdent pas à leurs revendications, dont entre autres
‘’l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur les crimes de sang
perpétrés sous le CNRD, l’acceptation du principe d’un dialogue présidé par la
Cédéao, l’abandon des poursuites judiciaires contre les leaders politiques et
les acteurs de la société civile’’.
Cette posture radicale affichée
par les forces vives, malgré la libération d’une fournée d’activistes de la
société civile, complique davantage les choses pour les muftis.
Qui voient leur appel au nom de
Dieu, en faveur de la paix, rejeté d’emblée. La paix ne sera donc pas pour le
moment dans la cité.
Tout ceci a de quoi échauder les
fauteurs de paix, qui se trouvent pris en tenaille entre les saillies des
faucons de la junte et des forces vives.
Les deux camps antagonistes,
décidés d’en découdre, au mépris de toutes les victimes qui tombent au gré des
manifestations.
A cette allure, la série noire
des violences va aller crescendo. De quoi maculer les murs de la transition du
sang d’une population martyrisée.
Nous disons stop à cette bêtise humaine, qui n'a que trop duré.
Mamadou Dian Baldé