Le citoyen Ousmane Sonko est opposé à la citoyenne Adji Sarr dans une
affaire qui est devant la justice et dont le jugement est prévu pour ce mardi.
La seconde accuse le premier de viols à répétition et de menaces de mort. Ne se
reconnaissant point dans la peau d’un violeur, encore moins de celle d’un
tueur, le maire de Ziguinchor rejette en bloc ces accusations de l’ex-employée
d’un salon de massage de Dakar. L’affaire qui doit être enfin, non
peut-être, jugée ce 16 mai pourrit, depuis deux ans maintenant, la vie, non
seulement des deux protagonistes, mais aussi de tous leurs compatriotes. En
mars 2021, l’affaire avait, du reste, provoqué des violences meurtrières au
pays de la Teranga.
Fort logiquement elle suscite,
depuis la veille de la tenue du procès, des craintes réelles de nouvelles
émeutes, tant la passion lourde à couper au couteau qui l’enveloppe, fait
monter la température, de Ziguinchor où l’édile de la ville se trouve
actuellement, à Dakar où il devait se retrouver, pour répondre, selon la
procédure judiciaire, à l’appel du greffe de la chambre criminelle de la
capitale. Mais, parce qu’il n’aurait pas reçu sa convocation, le leader du
parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la
fraternité (Pastef) ne s’est pas présenté devant ce bureau du palais de
justice. Et, foi de l’accusé et de ses avocats, il ne sera pas non plus présent
au tribunal ce mardi, ou d’autres jours encore. Il ne répondra présent devant
la justice que «si sa sécurité est garantie», ont confirmé les «défenseurs de
la veuve et de l’orphelin»…et de Ousmane Sonko.
C’est donc un secret de
polichinelle au Sénégal, le mercure atteindra son summum, dans les jours à
venir. Les couleurs ont même été annoncées par la mort d’un policier ce lundi,
des échauffourées à Dakar, mais surtout le cordon de sécurité tressé par les
supporters autour de la résidence de Ziguinchor de l’opposant. Car c’est de
cette casquette d’opposant que s’est coiffée, le leader de Yewwi Askan Wi,
l’une des principales coalitions de l’opposition, pour fronder la justice de
son pays. Question: militer dans l’opposition ou être candidat pour la
prochaine présidentielle annoncée pour février 2024 constituent-ils une
immunité de fait pour se soustraire à la justice, dans une affaire privée? Non,
surtout pas dans le cas de Ousmane Sonko qui s’octroie le beau rôle du
persécuté pour ne pas se présenter devant une justice qui lui donne, plus que
jamais, l’eau et le savon pour se blanchir, si tant est qu’il ne se reproche
rien.
Sauf que le timing et la
succession de ces procès prêtent à la suspicion à l’endroit du pouvoir de Macky
Sall qui trouve une deuxième occasion de faire condamner…une deuxième fois, un
challenger de taille, afin de l’écarter de la course au palais présidentiel.
Certains politiciens qui lorgnaient le fauteuil de Macky Sall en ont déjà eu
pour leur compte, par justice interposée. L’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall
et l’ex-ministre de son père, Karim Wade, se son ainsi brûlé les ailes en
volant trop près de ce fauteuil trop cher à Macky Sall à qui il est prêté
l’intention de vouloir le reconquérir, pour un troisième mandat. Ainsi donc,
les procès intentés contre Ousmane Sonko dégagent une forte odeur de «complot
politique» pour aboutir à la perte de son éligibilité. Une éligibilité qui est
déjà fortement menacée, si le verdict du sursis de 6 mois écopé ce 8 mai par
l’opposant dans une autre affaire de diffamation et injures contre le ministre
sénégalais du Tourisme, Mame Mbaye Niang, est confirmé.
Cette fois-ci, Ousmane Sonko
sera-t-il jugé par contumace? Le procès sera-t-il reporté pour faire durer le
suspense? En tout cas, la cocotte-minute, au bord de l’explosion, continue de
ronronner sur les bords du fleuve Dakar!
WS