On en sait à présent sur la conclusion de la médiation amorcée la semaine dernière par l’ancien président Thomas Yayi à Conakry. Comme on le mentionnait dans « le médiateur et l’absence de Béavogui », le président en exercice de la CEDEAO était venu en Guinée pour baliser le chemin au médiateur et présenter ainsi l’ancien président béninois aux autorités de la transition. Il en a été de même au Burkina la semaine dernière.
Le médiateur a finalement dit tout, sur tout ce qui s’est
passé lors de son récent séjour dans la capitale guinéenne. Il a rencontré
militaires et membres du gouvernement ! Mais aussi des ambassadeurs occidentaux
et ceux des pays membres de l’espace ouest-africain. Si on comprend bien, qu’à
cette première étape de la médiation, l’objectif de la mission soit
effectivement de présenter le médiateur aux autorités. Pour circonscrire
l’évaluation du processus de transition dans la crise guinéenne aux seuls
échanges avec le CNRD et le gouvernement. Une démarche qui serait peu
compréhensible en ce sens qu’on pourrait supposer que cette injonction
viendrait de la junte qui s’obstine à faire avec les acteurs politiques et
sociaux décriant la non prise en compte de leurs positions. Or, le choix du
médiateur d’échanger avec les militaires du CNRD notamment parler en
tête-à-tête par deux fois avec le colonel-président ou encore discuter avec les
officiers de l’armée en l’occurrence le colonel Sadiba, est stratégiquement
bien pensé. Premièrement, le médiateur sait sans nul doute la position de l’opposition,
donc elle pouvait s’en passer au-delà de la symbolique, histoire de la réitérer.
Ce dont le médiateur s'est passé. Deuxièmement, puisque le médiateur mandaté
par la CEDEAO milite pour une durée de transition moins longue, donc rejetant
par ricochet les 36 mois, il fallait plutôt se référer directement aux
décideurs de la transition, donc les militaires puisque les 36 mois ne
dérangent que les seuls présidents de la CEDEAO et les acteurs sociopolitiques.
Donc sur cet item, ils se rejoignent.
Sur les 36 mois, le médiateur nous apprend donc que « les
autorités de la transition qui ne font pas de fixation sur le délai de 36 mois,
ont cependant insisté sur l’importance et le maintien des activités prévues
dans le chronogramme ». Que peut-on
comprendre par être disposés à revoir à la baisse puisque c’est cela l’exigence
de la CEDEAO, et en même temps être intransigeants sur les étapes. Lesquelles
étapes étalées sur les 36 mois ? Ceci est tout de même antinomique !
Le médiateur tient là le levier sur lequel il devra agir
pour convaincre le CNRD. Le travail consistera pour le médiateur Yayi dans le
cadre d’un dialogue inclusif, d’évaluer d'abord l’opportunité et la pertinence
des actions comme le fait d’être focus sur la tenue mordicus sous cette transition,
l’établissement du recensement des populations et de l’habitat, et le fait
surtout, d’arguer que de ce recensement sera produit le fichier général des
électeurs.
Kabinet FOFANA, Politologue
Directeur Association
Guinéenne de Sciences Politiques (AGSP)