L'injonction émane du Bureau de la gestion et du budget de la Maison Blanche. Les agences fédérales américaines devront s'assurer que leurs appareils ne sont plus dotés de l'application de vidéos TikTok sous trente jours.
Détenue par l'entreprise chinoise ByteDance, TikTok a été
prise pour cible par les législateurs américains qui considèrent l'application
comme une menace à la sécurité nationale. Son usage sur les appareils des
fonctionnaires avait été interdit dans une loi votée fin décembre, loi ratifiée
par le président Biden en janvier.
Dans un mémorandum, la directrice de ce bureau, Shalanda
Young, a demandé aux agences gouvernementales de « supprimer et d'interdire les
installations » de l'application sur les appareils leur appartenant ou gérés
par elles, et d’« interdire le trafic internet » depuis ces appareils vers
l'application.
L'interdiction ne s'applique pas aux entités américaines ne
dépendant pas du gouvernement fédéral, ni aux millions de particuliers qui utilisent
TikTok.
L'Union pour les
libertés civiles déplore cette décision
L'Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) estime
que cette nouvelle loi revient de facto à interdire TikTok.
« Le Congrès ne doit pas censurer des plateformes entières
et priver les Américains de leur droit constitutionnel à la liberté de parole
et d'expression », a déclaré Jenna Leventoff, conseillère politique principale
de l'ACLU, dans un communiqué. « Nous avons le droit d'utiliser TikTok et
d'autres plateformes pour échanger nos pensées, nos idées et nos opinions avec
des personnes du pays et du monde entier », a-t-elle ajouté.
Cette plateforme de vidéos courtes et virales, très prisée
des jeunes, est la cible des Occidentaux qui craignent que Pékin puisse ainsi
accéder aux données d'utilisateurs du monde entier.
Multiplication des
interdictions
L'interdiction au sein du gouvernement fédéral américain
survient quelques jours après une décision similaire de la Commission
européenne, qui a interdit le 23 février TikTok à son personnel pour « protéger
» l'institution.
Le gouvernement du Canada a, lui aussi, annoncé lundi qu'il
bannissait TikTok des appareils mobiles qu'il fournit à son personnel à compter
de ce mardi, évoquant « un niveau de risque inacceptable » pour la vie privée
et la sécurité. TikTok fait déjà partie des applications chinoises interdites
en Inde depuis 2020.
Avec plus d'un milliard d'utilisateurs actifs dans le monde,
TikTok pointe à la sixième place des plateformes sociales les plus utilisées,
selon le dernier rapport de We Are Social sur l'évolution du numérique, publié
en janvier.
TikTok avait reconnu en novembre que certains employés en
Chine pouvaient accéder aux données d'utilisateurs européens, et avait admis en
décembre que des employés avaient utilisé ces données pour traquer des
journalistes. Mais le groupe nie tout contrôle ou accès du gouvernement chinois
à ses données.
(RFI avec agences)