Le président de la Transition vient de rompre les lances contre l’aboulie de son gouvernement, dont les ministres peinent à trouver leurs marques, près de cent jours après leur nomination, en soumettant à sa gouverne des feuilles de route bien étoffées. Et c’est à juste raison que dans cette course contre la montre, propre aux transitions, que le colonel puisse demander des comptes à ce gouvernement, nommé sur la base d’un casting purement technocratique. S’étant rendu à l’évidence que malgré le pedigree des uns et des autres, il y a loin de la coupe aux lèvres.
Le gouvernement de transition a toujours du mal à monter en
régime. Le navire donne même l’impression d’être encalminé. Ce constat qui
saute aux yeux, n’a pas non plus échappé à la vigilance du colonel Mamadi
Doumbouya.
Ainsi, mercredi dernier, à la veille du conseil ordinaire des
ministres, le président de la république aurait volé dans les plumes des
membres de son gouvernement, lors d’une réunion organisée d’urgence au palais
Mohamed 5.
Et c’est de but en blanc que le lendemain de cette
rencontre, le président de la Transition a profité du conseil des ministres
pour réitérer « l’importance qu’il attache à la mise en œuvre, dans les plus
brefs délais, du plan d’action opérationnel assigné à chaque département
ministériel. Plan d’action devant déterminer les projets prioritaires en
ciblant particulièrement ceux ayant un impact direct sur les populations et
réalisables à court terme ».
C’est tout cois que le Premier ministre et son équipe
auraient reçu cette volée de bois vert de la part du chef de l’État. On imagine
le sentiment d’inconfort qui habite dorénavant Mohamed Béavogui, dont le
leadership se voit ainsi remis en cause par cette injonction présidentielle.
Car si le locataire du palais de la colombe a réussi sans encombre le test de
nomination aux fonctions de Premier ministre, il fait face dorénavant aux dures
réalités du pouvoir.
Il a dû certainement apprendre à ses dépens que la fonction
de Premier ministre est loin d’une sinécure. Il revient donc à Mohamed Béavogui
et à son équipe de prendre en compte ces réserves du président, afin de
remettre l’ouvrage sur le métier. D’autant que les défis qu’ils se sont fixés
sont énormissimes.
Le Premier ministre ne cesse d’ailleurs de répéter à l’envie
que le pays a besoin d’être remis à l’endroit. Après la décennie de règne
d’Alpha Condé, qui fut marqué selon lui par une kleptocratie et de graves
violations des droits humains.
Dans la même foulée, Béavogui a affirmé, sans ambages, dans
un entretien accordé récemment au journal Le Monde, je cite : « notre objectif
est de créer un modèle de société doté d’institutions démocratiques basées sur
l’équité, la justice, la transparence, avec des mécanismes irréversibles. »
D’où la nécessité pour le gouvernement de reprendre très
vite du souffle, afin d’accoucher des plans d’actions exigés par le président.
Pour une bonne réussite de la transition.
Mamadou Dian Baldé