Guinée : Dans la tour de Babel de la transition (Editorial)

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  • 15 mai 2023 08:47

  • Politique

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L’éclaircie espérée dans le ciel politique guinéen ne sera pas au rendez-vous, et ce malgré la libération des militants prodémocratie du Front national pour la défense de la constitution (Fndc) dissous, et la levée du contrôle judiciaire dont faisaient l’objet certains acteurs politiques. Des préalables dont la satisfaction par le gouvernement de transition était censée apaiser les esprits des « belligérants ». Malheureusement pour la satisfaction de ce souhait, il y a loin de la coupe aux lèvres. L’épée de Damoclès reste donc suspendue sur la tête des Guinéens, embarqués dans la tour de Babel de la transition.

Dans leur bras de fer avec la junte, les forces vives de Guinée ne démordent pas. Et comptent remettre l’ouvrage sur le métier, dans les jours à venir. Le décompte macabre enregistré lors des manifestations précédentes, et la libération des militants prodémocratie, dont Oumar Sylla alias Foniké Mengué et Ibrahima Diallo, n’auront pas émoussé leurs ardeurs.

A contrario, c’est comme si cela les avait même galvanisées, à ferrailler avec les autorités de la transition.

Le bilan des 7 morts fournit par les indignés prête d’ailleurs à controverse. Et le gouvernement y voit un simple grossisme, digne d’une propagande visant à faire pleurer dans les chaumières, une opinion de plus en plus râleuse.

Dans la même foulée, le Premier ministre Dr Bernard Goumou et le porte-parole du gouvernement, M. Ousmane Gaoual Diallo, ont de concert, flétri ces manifestations aux allures d’intifada. Qui, à leurs yeux n’avaient pas leur raison d’être, étant donné qu’il existe un cadre de dialogue, bien défini, pour aplanir les divergences autour du processus de transition.  

Vouloir recourir à la rue pour tailler des croupières au gouvernement, serait simplement déloyal, à entendre tous ces commentaires officiels.

Même si les forces vives de leur côté, n’en ont cure de tout ce concert de condamnations. Et entendent bien saisir l’opportunité que représente la confusion provoquée au sommet de l’État, entre le pouvoir exécutif et l’autorité judiciaire, pour tirer leurs marrons du feu.

Car pour bien des gens, la junte s’est tirée une balle dans les godasses, en piétinant la procédure de mise en liberté des activistes de la société civile. Cette décision prise à la hâte au nom de la paix, a plutôt produit un retour de manivelle, avec la levée de boucliers que cela a engendré au niveau du barreau. Qui a invité ses membres à boycotter les audiences de ce lundi.

Tout ça, a de quoi faire perdre aux missi dominici, que sont les muftis, leur latin. 

Amnesty International, pour sa part, déplore les tueries par balle enregistrées durant ces manifestations de l’opposition à la junte. Dans un communiqué publié à cet effet, l’ONG appelle les autorités « à immédiatement cesser le recours aux armes à feu et l’usage excessif de la force lors de manifestations. »

C’est le lieu d’inviter les parties en conflit, à savoir raison garder. Car aucun des camps n’a intérêt à ce que la cité s’embrase davantage. Pour finir, rappelons qu’Albert Camus, dans son ouvrage intitulé « L’homme révolté », écrit que « pour être, l’homme doit se révolter. Mais que sa révolte doit respecter la limite qu’elle découvre en elle-même ». En clair, Camus conseille d’éviter la démesure. Forces vives, CNRD, mettez donc la pédale douce. Pendant qu’il est temps.

Mamadou Dian Baldé

 

 

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