L’éclaircie espérée dans le ciel politique guinéen ne sera pas au rendez-vous, et ce malgré la libération des militants prodémocratie du Front national pour la défense de la constitution (Fndc) dissous, et la levée du contrôle judiciaire dont faisaient l’objet certains acteurs politiques. Des préalables dont la satisfaction par le gouvernement de transition était censée apaiser les esprits des « belligérants ». Malheureusement pour la satisfaction de ce souhait, il y a loin de la coupe aux lèvres. L’épée de Damoclès reste donc suspendue sur la tête des Guinéens, embarqués dans la tour de Babel de la transition.
Dans leur bras de fer avec la junte, les forces vives de
Guinée ne démordent pas. Et comptent remettre l’ouvrage sur le métier, dans les
jours à venir. Le décompte macabre enregistré lors des manifestations
précédentes, et la libération des militants prodémocratie, dont Oumar Sylla
alias Foniké Mengué et Ibrahima Diallo, n’auront pas émoussé leurs ardeurs.
A contrario, c’est comme si cela les avait même galvanisées,
à ferrailler avec les autorités de la transition.
Le bilan des 7 morts fournit par les indignés prête
d’ailleurs à controverse. Et le gouvernement y voit un simple grossisme, digne
d’une propagande visant à faire pleurer dans les chaumières, une opinion de
plus en plus râleuse.
Dans la même foulée, le Premier ministre Dr Bernard Goumou
et le porte-parole du gouvernement, M. Ousmane Gaoual Diallo, ont de concert,
flétri ces manifestations aux allures d’intifada. Qui, à leurs yeux n’avaient
pas leur raison d’être, étant donné qu’il existe un cadre de dialogue, bien
défini, pour aplanir les divergences autour du processus de transition.
Vouloir recourir à la rue pour tailler des croupières au
gouvernement, serait simplement déloyal, à entendre tous ces commentaires
officiels.
Même si les forces vives de leur côté, n’en ont cure de tout
ce concert de condamnations. Et entendent bien saisir l’opportunité que
représente la confusion provoquée au sommet de l’État, entre le pouvoir
exécutif et l’autorité judiciaire, pour tirer leurs marrons du feu.
Car pour bien des gens, la junte s’est tirée une balle dans
les godasses, en piétinant la procédure de mise en liberté des activistes de la
société civile. Cette décision prise à la hâte au nom de la paix, a plutôt
produit un retour de manivelle, avec la levée de boucliers que cela a engendré
au niveau du barreau. Qui a invité ses membres à boycotter les audiences de ce
lundi.
Tout ça, a de quoi faire perdre aux missi dominici, que sont
les muftis, leur latin.
Amnesty International, pour sa part, déplore les tueries par
balle enregistrées durant ces manifestations de l’opposition à la junte. Dans
un communiqué publié à cet effet, l’ONG appelle les autorités « à
immédiatement cesser le recours aux armes à feu et l’usage excessif de la force
lors de manifestations. »
C’est le lieu d’inviter les parties en conflit, à savoir
raison garder. Car aucun des camps n’a intérêt à ce que la cité s’embrase
davantage. Pour finir, rappelons qu’Albert Camus, dans son ouvrage intitulé «
L’homme révolté », écrit que « pour être, l’homme doit se révolter. Mais que sa
révolte doit respecter la limite qu’elle découvre en elle-même ». En clair,
Camus conseille d’éviter la démesure. Forces vives, CNRD, mettez donc la pédale
douce. Pendant qu’il est temps.
Mamadou Dian Baldé