Il s’appelait Ibrahim Diallo et n’avait que 19 ans. Ses parents, amis
et voisins du quartier Wanindara le pleurent depuis ce mercredi, eux qui
impuissants, l’ont vu vaciller et tomber, après avoir reçu une balle en pleine
poitrine, selon des témoins. Malgré les soins dans une clinique de la place, le
jeune homme est passé de vie à trépas.
ID rejoint ainsi la liste, qui ne
cesse de s’allonger, des personnes mortes dans des manifestations, depuis
l’entrée par effraction sur la scène politique des militaires avec à leur tête,
un certain Mamady Doumbouya, colonel, commandant les forces spéciales une unité
d’élites de l’armée guinéenne, avant le putsch perpétré le 5 septembre 2021. Le chapelet de morts s’est donc étiré de deux
grains, avec les deux personnes tuées lors de la manifestation du Front
national pour la défense de la constitution (FNDC), ce 17 septembre.
Ils sont désormais huit qui ne
pourront plus marcher avec leurs camarades, les mains nues, pour dénoncer les
dérives du colonel putschiste et de sa transition élastique à souhait et au
contenu flou. Et c’est tout le combat du FNDC et du peuple guinéen, qui,
pourtant, avaient applaudi à tout rompre, la prise du pouvoir des militaires
par les armes. Ils ont jubilé pensant sortir du goulag à ciel ouvert qu’était
devenue la Guinée sous le pouvoir de fer d’un autre putschiste civil,
l’opposant historique qui voulait devenir président à vie, Alpha Condé.
Pour essayer de rallumer la
flamme de l’espoir douché par la junte militaire au pouvoir qu’il veut amener à
l’érection d’un véritable cadre de dialogue avec les acteurs politiques et la
société civile, le FNDC brave désormais les canons des maîtres en treillis de
Conakry qui ont prononcé sa dissolution. En tout cas, le mouvement citoyen qui
se satisfait de la mobilisation de cette première manifestation suite à sa mise
à mort par le Comité national du rassemblement pour le développement (pouvoir),
ne compte visiblement pas baisser les bras.
Les leaders et militants du FNDC,
bien que persécutés, certains croupissent déjà dans les geôles du colonel
Doumbouya, ont un calendrier bien établi de nouvelles manifestations qui
pourraient faire monter davantage le mercure dans la capitale et à l’intérieur
du pays. Il devient désormais clair que la junte militaire est devenu le
problème de la Guinée, au lieu d’offrir des solutions à un peuple martyr qui a
traversé des dizaines d’années de braise sous différents régimes qui l’ont
asphyxié en lui ôtant toutes ses libertés, notamment celle d’expression.
Et la fièvre ne cesse de monter,
et le nombre de morts ne cesse d’enfler en Guinée. Malgré les condamnations des
nations dites puissantes, des organisations nationales et internationales de
protection des droits humains, etc., le colonel et ses hommes gardent le doigt
sur la gâchette. Combien de morts encore pour ramener la junte militaire à la
raison, afin de servir l’intérêt du peuple guinéen en mettant en place une
transition de durée raisonnable et l’organisation d’élections ouvertes et
transparentes pour le retour d’un pouvoir civil? Que faire pour la Guinée dont
les populations n’ont pas encore fait le deuil de plus de 157 morts et pansé
les plaies, au propre comme au figuré, des 109 femmes violées lors du massacre
de 2009, un 28 septembre dans le stade éponyme de Conakry? La terreur est loin
de constituer un programme de gouvernance porteur! La junte militaire doit se
le tenir pour dit!
Un mort de plus sera un mort de trop et le colonel Mamady Doumbouya, doit en prendre conscience, avant que demain ne soit trop tard.
ws