Ce samedi 25 novembre, c’est la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. En Guinée, une initiative originale a vu le jour. Il y a 14 ans, plus d’une centaine de femmes étaient violées au grand stade de Conakry par des militaires guinéens venus interrompre, les armes à la main, un meeting de l’opposition.
Pour permettre aux victimes de se reconstruire, des
associations guinéennes et une ONG internationale ont créé une maison des
survivantes. Inaugurée le 28 septembre dernier, elle se met en route tout
doucement.
Il est 7 h du matin, dans la cour de sa concession, la poule
et les poussins sont déjà réveillés. Oumou Barry s’apprête à rejoindre la
maison des survivantes. Cette grand-mère est une rescapée du stade de Conakry.
« J’avais 50 ans quand j’étais au stade. Ce que j’ai subi,
c’est inexplicable. Tu vois un enfant qui a le même âge que ton propre garçon
qui te fait du mal... », raconte-t-elle. À mots couverts, Oumou Barry raconte
son viol.
Sans politique de réparation, les femmes ont dû se prendre
en main. « Personne ne nous a assistées. Même le gouvernement », dénonce Oumou
Barry. « Il faut qu’on soit fortes maintenant. Il n’y a plus de pleurs, si tu
pleures, qu’est-ce qu’il y a ? Qui peut t’aider ? »
La maison des survivantes est née de cette prise de
conscience, de cette révolte. Les femmes ont pu alors compter sur quelques
soutiens : celui de l’Association des victimes du 28 septembre 2009, l’Avipa,
celui de l’OGDH, l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme, et
puis une ONG les a aidées : le Global Survivors Fund, fondé par les prix Nobel
de la paix Nadia Murad et Denis Mukwege.
Une aide médicale,
psychologique et juridique
Il faut un peu plus d’une heure à Oumou Barry pour rejoindre
le centre implanté dans le village de Moribaya, à 70 kilomètres de Conakry.
Ici, les survivantes ont un local pour leurs activités économiques, mais pas
seulement, elles vont pouvoir bénéficier, à terme, d’une aide médicale,
psychologique, mais aussi d’une clinique juridique.
Ce jour-là, six femmes fabriquent du savon qui sera vendu
sur les marchés. « Après les événements du 28-Septembre, je ne peux pas dire
que cela nous a rendues complètement pauvres, mais on a été pour beaucoup des
victimes », confie Idiatou Baldé. « Beaucoup d’entre nous ont perdu leur
boulot, renvoyées par leur mari, et jusqu’à présent, il y a ces conséquences
qui agissent sur nous »
Idiatou Baldé répond aux questions avec aplomb. Cette maison
des survivantes a permis à toutes ces femmes de reprendre confiance en elles.
Les survivantes attendent désormais que l’État prenne le relais et s’engage
dans un véritable programme de réparation.
Avec Radio France Internationale
(RFI)
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