Pour la Guinée, les années se suivent mais ne se ressemblent pas
forcément. Entre notamment la transition de 2009 et 2010 et celle en cours.
Entre Moussa Dadis Camara et Mamadi Doumbouya aussi. Visiblement, le premier a
eu moins de chance que le second.
Parce que durant la dernière
décennie, la géopolitique a changé. Et radicalement. En 2010 la communauté internationale
faisait la pluie et le beau temps. Elle avait pesé de tout son poids pour
contraindre la junte d’alors à céder le pouvoir à un civil. Pressée qu’elle
était d’installer l’opposant historique à Sékoutouréya. Pour atteindre cet
objectif, les pressions furent à la dimension de l’enjeu.
Mais entre 2010 et 2020 beaucoup
d’eau a coulé sous le pont. Le fameux groupe des 4 : Etats-Unis,
l’Allemagne, la Grande Bretagne et la Fiance bénéficiait hier, sinon du soutien
tout au moins de l’indifférence de la Russie. Après l’assassinat de Khadafi, Vladimir
Poutine ne file plus le même coton avec les Occidentaux. Lesquels agissent le
plus souvent pour un objectif difficilement avouable.
Aujourd’hui, plus qu’hier, chacun
de deux anciens blocs prêche pour sa propre chapelle. Joe Badin n’a pas fini de
recoller les morceaux de la politique America first de son prédécesseur.
L’Allemagne et la Grande Bretagne se rallient le plus souvent derrière de la
France dans le pré-carré de celle-ci. La
Russie, quant à elle, tente de déloger la France pour prendre sa place en
Afrique francophone.
C’est dans ce contexte que Mamadi
Doumbouya prend les rênes de la Guinée. Un contexte on ne peut plus favorable
pour lui. Même si la CEDEAO tente désespérément de jouer au gendarme contre les
coups d’Etat militaires. Mais l’organisation sous-régionale est fragilisée par
son silence coupable consécutif au troisième mandat. Les Guinéens n’ont pas
oublié la complaisance voire la complicité de cette organisation avec M. Alpha
Condé.
La junte guinéenne sait que la
CEDEAO a creusé un fossé entre elle et les citoyens de la sous-région à cause
de sa politique de deux poids deux mesures entre les coups d’Etat civils et les
putschs militaires. Elle sait aussi que la France est confrontée à une contestation
voire une rébellion de son ancien pré-carré. Désormais si l’Elysée est enrhumé
rares sont les palais présidentiels africains qui éternuent. Les Etats-Unis et
le reste de l’Europe sont dans une guerre indirecte avec la Russie en Ukraine.
Du coup, Mamadi Doumbouya et son
gouvernement savent que la seule et véritable menace est interne. Ils ont déjà
donné du grain à moudre au trio RPG, UFDG et UFR. Les responsables du premier parti
sont en prison. Ceux de deux autres en exil.
Or comme dit un proverbe « quand le roi s’enfuit ses courtisans
s’envolent ».