La junte militaire au pouvoir depuis le 5 septembre 2021 s’est voulue
rassurante par rapport aux différentes exploitations et projets miniers en
cours dans le pays, en décrétant qu’elles pouvaient toutes poursuivre leurs
activités et leurs exploitations.
Il n’en demeure pas moins que le
développement du projet Simandou, dans sa partie concernant les blocs 1 et 2
aura besoin d’une réelle volonté politique pour éviter d’être entravé.
Le Simandou comprend 4 blocs :
les blocs 1 et 2, appelés « Simandou nord » sont contrôlés par le consortium
SMB-Winning, suite à un appel d’offres remporté en novembre 2019, tandis que
les blocs 3 et 4 appelés « Simandou sud » sont une concession de Rio Tinto.
Selon nos informations, le
consortium SMB-Winning est très avancé dans les études concernant la
construction du « Transguinéen » (ligne de chemin de fer devant relier la
réserve de fer, au sud-est du pays, à la côte ouest, sur environ 670km), et a
effectué des travaux préparatoires pour la délimitation et la construction du
port en eau profonde de Moribariah, dans la préfecture de Forécariah, à environ
100 km de Conakry.
Un haut responsable guinéen
contacté par WESTAF MINING rappelle que « l’option prise par les différents
gouvernements d’évacuer le minerai du Simandou par le territoire guinéen a
toujours été une constante. L’intérêt des Guinéens est que cette option
stratégique demeure, quelles que soient les formes de pression extérieures ».
Avec l’entrée des intérêts
chinois dans le projet, le Simandou représente un enjeu majeur pour les grandes
multinationales qui contrôlent le marché de l’aluminium.
Le géant Rio Tinto, arrivé en
Guinée il y a 24 ans (par le truchement de la junior RTZ Mining), est très loin
d’avoir réalisé ses nombreuses promesses faites aux différents régimes qui se
sont succédé à la tête de ce pays d’Afrique de l’Ouest, de Lansana Conté
(disparu en 2008), à Alpha Condé (arrêté et renversé le 5 septembre 2021).
« En fait, on a compris que Rio
Tinto se contentait jusque-là de conserver la réserve du Simandou dans ses
actifs. Notre constat est que cette compagnie a toujours mis subtilement des
obstacles et traîné quand il fallait accélérer le projet », dénonce un expert
dans le domaine des mines.
« Nous ne sommes même pas sûrs
que le retour de cette multinationale (Rio Tinto) en Guinée, il y a juste
quelques semaines, ne soit pas lié au fait que SMB-Winning avançait rapidement
dans son calendrier », a-t-il fait remarquer.
Selon un consultant minier, la
junte commettrait une erreur impardonnable si elle prenait des décisions qui
pourraient ralentir un projet parti pour transformer structurellement
l’économie guinéenne.
« Les deux démarches sont
différentes : Rio Tinto tablait sur des investissements de plus de 20 milliards
USD là où la SMB-Winning a indiqué un chiffre de 14 milliards USD, dans ses
études de faisabilité. Et là où la démarche du géant minier peut laisser penser
qu’il ne serait pas hostile à l’évacuation par le territoire libérien si la
proposition était faite (une option écartée par les gouvernements précédents),
son concurrent dans la zone est engagé dans la construction de la ligne de
chemin de fer », explique-t-il.
Selon lui, l’intérêt de la Guinée
est dans le contrôle des infrastructures construites sur son propre territoire.
« Il n’y a pas de choix à faire :
la Guinée doit saisir l’opportunité pour accélérer son développement à travers
ce mégaprojet », conclut-il.
Source : Westaf Mining