En choisissant de se recueillir, en début de semaine, au Stade du 28 septembre et au cimetière de Bambéto, le Colonel Mamady Doumbouya prend implicitement l’engagement que : plus jamais ça ! Mais le président de la transition, a également fait le choix de reconnaître ces crimes et leurs victimes au nom de l’Etat. Autrement dit, pas un seul Guinéen ne devrait tomber sous les balles de nos forces de défense et de sécurité. Toutefois, ces visites mémorielles laisseraient un goût d’inachevé si les crimes que rappellent ces lieux restaient impunis.
Les 27 et 28
septembre 2021, deux jours désormais importants voire historiques, puisque
devenus consubstantiels au magistère du Colonel Mamady Doumbouya. Le nouvel homme fort de Conakry, s’est fait
fort de responsabilité, d’humanisme et d’humanité, en rendant hommage aux morts,
aux blessés et aux victimes de viols, lundi et mardi derniers. Le président de
la Transition a ainsi visité le cimetière de Bambéto, cette nécropole tant
profanée par le régime défunt, dernière demeure de dizaines de jeunes de l’axe
Hamdallaye-Bambéto-Cosa, tués pendant les manifestations contre les dérives
d’Alpha Condé. Une manière pour le chef du CNRD, de reconnaître le statut de
Guinéens, victimes de l’arbitraire, arrachés à leur pays à la fleur de l’âge,
parce qu’ils ont dit ‘’Non’’ à un homme et son système.
En
sacrifiant à cet exercice de recueillement au Stade du 28 septembre de Conakry,
transformé par des sbires du CNDD, en une arène de la mort et du viol, l’actuel
commandant en chef des forces armées guinéennes, condamnent manifestement les
crimes dont s’est rendue coupable la junte militaire dirigée par Moussa Dadis
Camara en 2009.
Alors que
les morts gisant à Bambéto étaient livrés au mépris de leurs bourreaux du
désormais ancien régime, les crimes odieux du 28 septembre 2009, eux, étaient
passés par pertes et profits politiques par le président déchu. Alpha Condé,
malgré leur inculpation, continuait encore à les nommer ou à les garder à leurs
fonctions des hauts cadres de l’appareil militaire et sécuritaire au moment des
faits.
Le Colonel
Mamady Doumbouya a suscité une vague d’espoirs et d’espérances, en allant se
recueillir sur ces deux sites mémoriels, symbole de la lutte pour la démocratie
et la liberté dans un pays opprimé par ses propres dirigeants, et dont le
sadisme le dispute à leur injustice. Le président de la transition qui, dans un
de ses discours de prise du pouvoir, a érigé la justice en boussole pour chaque
Guinéen, assène ainsi sa détermination à redresser les torts et à cicatriser
les plaies. Il reconnait et endosse ainsi la responsabilité de l’Etat dans ces
crimes innommables.
D’où
l’obligation à laquelle l’histoire le soumet, afin qu’il étanche la juste soif
de justice des victimes et de leurs familles, ainsi que l’irrépressible désir
de liberté des familles de toutes les victimes des évènements ayant causé du
tort à ses compatriotes, trop longtemps livrés de la déraison de leurs
dirigeants.
S’il y a un
avantage à ces deux déplacements, c’est le fait que cette partie de
recueillement pourrait être perçue comme un engagement de la part du Colonel
Doumbouya, que plus jamais de telles atrocités étatiques contre des Guinéens.
Tout comme cela pourrait être assimilé à l’engagement que quoiqu’il arrive, la
junte, le CNRD, s’efforcera de ne jamais ôter la vie d’un Guinéen. En allant au
cimetière de Bambéto et au Stade du 28 septembre de Conakry, en début de
semaine, le Colonel Mamady Doumbouya, ne peut donc pas dire qu’il ne savait
pas.
Même s’il
s’est gardé de toute déclaration officielle sur et après ces deux sites, sa
présence véhicule la promesse que la justice prendra en charge ces crimes, à
travers la tenue de procès contre leurs auteurs parfois connus. Ironie de
l’histoire, c’est un militaire d’un corps d’élite, pratiquement formé pour
tuer, qui prend les chemins vertueux de la paix, de la justice et de la
réconciliation. Faisant mieux que l’opposant historique, Alpha Condé, qui a
faussement nourri les Guinéens de rêve et d’espoir de tourner la page de la
déshumanisation.
Talibé Barry