Hommage aux victimes de la répression : au moins, le Colonel Doumbouya ne dira pas qu’il ne savait pas…

blog-details
  • redaction.web@fimguinee.com

  • 30 septembre 2021 11:57

  • Politique

  • 0

En choisissant de se recueillir, en début de semaine, au Stade du 28 septembre et au cimetière de Bambéto, le Colonel Mamady Doumbouya prend implicitement l’engagement que : plus jamais ça ! Mais le président de la transition, a également fait le choix de reconnaître ces crimes et leurs victimes au nom de l’Etat. Autrement dit, pas un seul Guinéen ne devrait tomber sous les balles de nos forces de défense et de sécurité. Toutefois, ces visites mémorielles laisseraient un goût d’inachevé si les crimes que rappellent ces lieux restaient impunis.

Les 27 et 28 septembre 2021, deux jours désormais importants voire historiques, puisque devenus consubstantiels au magistère du Colonel Mamady Doumbouya.  Le nouvel homme fort de Conakry, s’est fait fort de responsabilité, d’humanisme et d’humanité, en rendant hommage aux morts, aux blessés et aux victimes de viols, lundi et mardi derniers. Le président de la Transition a ainsi visité le cimetière de Bambéto, cette nécropole tant profanée par le régime défunt, dernière demeure de dizaines de jeunes de l’axe Hamdallaye-Bambéto-Cosa, tués pendant les manifestations contre les dérives d’Alpha Condé. Une manière pour le chef du CNRD, de reconnaître le statut de Guinéens, victimes de l’arbitraire, arrachés à leur pays à la fleur de l’âge, parce qu’ils ont dit ‘’Non’’ à un homme et son système.

En sacrifiant à cet exercice de recueillement au Stade du 28 septembre de Conakry, transformé par des sbires du CNDD, en une arène de la mort et du viol, l’actuel commandant en chef des forces armées guinéennes, condamnent manifestement les crimes dont s’est rendue coupable la junte militaire dirigée par Moussa Dadis Camara en 2009.

Alors que les morts gisant à Bambéto étaient livrés au mépris de leurs bourreaux du désormais ancien régime, les crimes odieux du 28 septembre 2009, eux, étaient passés par pertes et profits politiques par le président déchu. Alpha Condé, malgré leur inculpation, continuait encore à les nommer ou à les garder à leurs fonctions des hauts cadres de l’appareil militaire et sécuritaire au moment des faits.

Le Colonel Mamady Doumbouya a suscité une vague d’espoirs et d’espérances, en allant se recueillir sur ces deux sites mémoriels, symbole de la lutte pour la démocratie et la liberté dans un pays opprimé par ses propres dirigeants, et dont le sadisme le dispute à leur injustice. Le président de la transition qui, dans un de ses discours de prise du pouvoir, a érigé la justice en boussole pour chaque Guinéen, assène ainsi sa détermination à redresser les torts et à cicatriser les plaies. Il reconnait et endosse ainsi la responsabilité de l’Etat dans ces crimes innommables.

D’où l’obligation à laquelle l’histoire le soumet, afin qu’il étanche la juste soif de justice des victimes et de leurs familles, ainsi que l’irrépressible désir de liberté des familles de toutes les victimes des évènements ayant causé du tort à ses compatriotes, trop longtemps livrés de la déraison de leurs dirigeants.

S’il y a un avantage à ces deux déplacements, c’est le fait que cette partie de recueillement pourrait être perçue comme un engagement de la part du Colonel Doumbouya, que plus jamais de telles atrocités étatiques contre des Guinéens. Tout comme cela pourrait être assimilé à l’engagement que quoiqu’il arrive, la junte, le CNRD, s’efforcera de ne jamais ôter la vie d’un Guinéen. En allant au cimetière de Bambéto et au Stade du 28 septembre de Conakry, en début de semaine, le Colonel Mamady Doumbouya, ne peut donc pas dire qu’il ne savait pas.

Même s’il s’est gardé de toute déclaration officielle sur et après ces deux sites, sa présence véhicule la promesse que la justice prendra en charge ces crimes, à travers la tenue de procès contre leurs auteurs parfois connus. Ironie de l’histoire, c’est un militaire d’un corps d’élite, pratiquement formé pour tuer, qui prend les chemins vertueux de la paix, de la justice et de la réconciliation. Faisant mieux que l’opposant historique, Alpha Condé, qui a faussement nourri les Guinéens de rêve et d’espoir de tourner la page de la déshumanisation.

Talibé Barry 

Laisser un commentaire