Indépendance judiciaire : Un vrai supplice de Tantale (Éditorial)

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  • 08 juillet 2022 09:35

  • Politique

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La nouvelle convocation de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) adressée mercredi dernier, à la tête de gondole de la classe politique, Cellou Dalein Diallo, en pleine tempête politique, marquée par le casus belli né de l’interpellation musclée des militants pro démocratie du Front national pour la défense de la constitution (Fndc), ne pourra que raviver les braises dans la cité. De quoi faire dresser les cheveux sur la tête de ceux qui pensent qu’il faut sacrifier la justice sur l’autel des compromissions politiques. Quitte à passer par pertes et profits, les irrémissibles crimes économiques et crimes de sang, commis sous les anciens régimes. Et le socle d'une justice indépendante qu'on rêve de bâtir.

Voltaire disait que « la paix vaut mieux que la vérité ». Un avis que ne semble guère partager Dame Thémis, qui tient jalousement à exprimer son indépendance vis-à-vis de l’exécutif. Car l’occasion faisant le larron, la justice guinéenne a l’air de vouloir saisir l’opportunité que lui offre cette transition pour marquer son territoire.

C’est ce qui expliquerait le chassé-croisé des grosses huiles devant la Crief, depuis la mise en place de cette juridiction d’exception, devenue la bête noire des cols blancs. L’interpellation du trio de la coordination du Fndc est aussi à inscrire dans cette nouvelle ligne directrice, que s’est tracée l’institution judiciaire. Qui consiste à se détacher carrément de l’attelage exécutif.

Certes, les vieux clichés qui collent à la peau de notre appareil judiciaire ne seront pas balayés d’un revers de main. Les idées reçues selon lesquelles la justice guinéenne est encore une justice aux ordres, malgré les gages de bonne volonté dont la junte fait montre depuis le 5 septembre, pour redonner à l’appareil judiciaire ses lettres de noblesse, continuent de persister. C’est le cas surtout chez ceux qui ont maille à partir avec la justice.

Dans le camp de l’ancien parti au pouvoir on clame ainsi urbi et orbi que la Crief est un instrument aux mains du Cnrd. Ce, depuis que les leaders de cette formation politique ont été interpellés et détenus à la Maison centrale, pour de présumés cas de corruption. Cette ligne de défense est aussi exploitée aujourd’hui par les aficionados de Cellou Dalein Diallo, dans l’affaire de cession d’un Boeing 737-200 et d’un Dash 7, appartenant à l’ancienne compagnie Air Guinée.

Quant aux déboires des militants pro démocratie du Fndc, ils la mettent aussi sous le sceau d’un règlement de compte politique, visant à les museler. Avec comme bras judiciaire le procureur général près la Cour d’Appel de Conakry.

Ce que Charles Wright dément, en pointant du doigt la récupération politique qui est faite de cette affaire judiciaire. Accusé d’avoir ouvert la boîte de pandores, le procureur général reste droit comme un cierge et ne démord pas.

A l’allure où vont les choses, il revient aux magistrats de prendre leur destin en main. Pour que l’indépendance de la justice cesse d’être un supplice de Tantale par le fait du joug de la bourgeoisie compradore qui tient les rênes du pouvoir politique et financier.  

Mamadou Dian Baldé

 

 

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