La mesure d’interdiction de manifester, prise récemment par la junte, en prélude aux convulsions politiques qui pointent à l’horizon, semble avoir de la résonance autant à l’interne qu’en dehors de la Guinée. C’est sans doute ce qui serait à l’origine du coup de semonce porté ce lundi par le Bureau des Nations-Unies aux Droits de l’Homme contre les autorités de la transition. Des autorités invitées dans la foulée, à desserrer les boulons, pour ne pas se mettre en porte-à-faux avec les normes internationales relatives aux droits de l’Homme.
Le Conseil national du rassemblement pour le développement
(CNRD) vient de recevoir une flopée de critiques de la part du Bureau des
Nations Unies aux Droits de l’Homme. Cette institution vient à son tour de
s’insurger contre l’interdiction de manifester, décrétée par les autorités de
Conakry. En effet, le Bureau des Nations Unies aux Droits de l’Homme y va, sans
apprêts ni ambages, en relevant que ‘’ces mesures violent les normes
internationales relatives aux droits de l'homme et constituent un recul sur la
voie du renforcement de la démocratie et de l'État de droit.’’
Ces mesures qui interdisent ‘’les rassemblements publics et
les manifestations ne respectent pas les exigences de nécessité et de
proportionnalité’’, déplorent le communiqué du Bureau des Nations Unies aux
Droits de l’Homme, que nous avons pu consulter sur africaguinee.com.
Les Nations Unies ont toutefois mis l’occasion à profit pour
‘’encourager les autorités de transition à assurer une protection réelle et
significative de l'espace démocratique, notamment en faisant respecter les
droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique. Ces
droits sont essentiels au maintien d'une société inclusive, pacifique et
résiliente’’, précise l’institution onusienne.
La junte se voit également remonter les bretelles pour les
opérations de récupération des biens de l’État, lancées par le CNRD. Des
opérations qui ont mis les nerfs des opposants à la junte, à fleur de peau,
depuis la démolition de la résidence privée du président de l’UFDG.
Ces casses, ajoutées au rouleau compresseur de la Crief, qui
vise pour le moment les acteurs politiques, apportent de l’eau au moulin de
ceux qui accusent la junte de vouloir secouer le cocotier. Dans la perspective
de la prochaine présidentielle, que le CNRD voudrait mettre à profit pour
dérouler son projet gérontophobe, selon les adeptes de cette thèse.
Ce coup de semonce des Nations Unies est perçu comme du pain
bénit par le G58 et le FNDC, deux entités qui ne peuvent plus voir la junte en
peinture.
Mamadou Dian Baldé