Un pèlerinage juif orthodoxe dans le nord du pays, le plus grand rassemblement en Israël depuis le début de la pandémie de Covid-19, a tourné au cauchemar dans la nuit de jeudi à vendredi. Le premier bilan provisoire fait état d'au moins 44 morts.
En Une de l’hebdomadaire ultraorthodoxe Yated Ne’eman de ce
vendredi, une photo funèbre, rapporte notre correspondant à Jérusalem Sami
Boukhelifa : des dizaines de corps dans des housses mortuaires sont alignés.
Au fur et à mesure de la nuit le bilan s'est alourdi dans
cette tragédie survenue au mont Méron, en Galilée, dans le nord d'Israël alors
que des dizaines de milliers de personnes étaient réunies dans la nuit de jeudi
à vendredi pour un pèlerinage annuel, le plus grand événement public dans le
pays depuis le début de la pandémie de Covid-19. Le premier bilan provisoire
fait état de 44 morts, selon les secouristes. En pleine nuit, les gyrophares de
dizaines d'ambulances scintillaient à proximité du théâtre de l'accident alors
que les secouristes évacuaient des corps et des blessés.
Circonstances floues
Les secouristes avaient au début évoqué l'effondrement de
gradins pour expliquer ces blessés, avant de parler d'une « bousculade »
géante. Des images relayées sur les réseaux sociaux montrent une procession qui
fend une foule hyper-compacte et s'approche d'une structure métallique où des
religieux se tiennent debout aux abords d'un feu. Bloqués dans ce qui ressemble
à un étroit corridor, ces pèlerins tout de noir vêtu, semblent, dans les rares
vidéos du drame qui circulent sur internet, pris en étau, écrasés les uns
contre les autres. Certains tentent de dégager des personnes piétinées par la
foule.
Les circonstances exactes ayant mené aux scènes de cohues
n'étaient pas claires vendredi à l'aube, mais un secouriste sur place, Yehuda
Gottleib, œuvrant pour la United Hatzalah, a dit avoir vu des hommes être «
écrasés » et « perdre conscience », selon son organisation. Après minuit, des appels d'urgence aux
secouristes se sont multipliés, et six hélicoptères ont été déployés afin
d'évacuer des blessés dans des hôpitaux de Safed et Nahariya, deux villes du
nord du pays. Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a confirmé avoir déployé
des hélicoptères afin de porter secours aux victimes.
Magen David Adom, l'équivalent de la Croix-Rouge en Israël,
intervenait encore dans la nuit pour tenter d’aider les blessés. Une mission
difficile pour les secouristes, notamment à cause de la présence d'une foule
compacte.
Des embouteillages monstres sur les routes menant au nord du
pays ont été signalés par la police qui avait déployé 5 000 agents afin
d'assurer la sécurité de cet événement.
100 000 personnes,
selon la presse locale
« Énorme désastre au Mont Méron », a tweeté en hébreu dans
la nuit le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, appelant la
population à « prier pour sauver les blessés ». « Israël tout entier prie pour
la guérison des survivants », a renchéri le chef de l'opposition Yaïr Lapid,
disant suivre avec « anxiété » l'évolution de la situation.
Le pèlerinage, qui a lieu à l'occasion de la fête juive de
Lag Baomer, se tient à Méron, autour du tombeau présumé de Rabbi Shimon Bar
Yochaï, un talmudiste du IIe siècle de l'ère chrétienne auquel on attribue la
rédaction du Zohar, ouvrage central de la mystique juive. Lag Baomer est une
fête joyeuse marquant de surcroît le souvenir de la fin d'une épidémie
dévastatrice parmi les élèves d'une école talmudique à cette époque.
Les autorités avaient permis la présence de 10 000 personnes
dans l'enceinte du tombeau mais, selon les organisateurs, plus de 650 bus ont
été affrétés dans tout le pays, soit au minimum 30 000 personnes, tandis que la
presse locale faisait état de 100 000 personnes sur place.
En 2019, un an avant la pandémie qui avait forcé en 2020
l'annulation du pèlerinage, les organisateurs avaient estimé à 250 000 le
nombre de pèlerins s'étant rendus sur place. À la faveur d'une intense campagne
de vaccination ayant permis de vacciner 80% de la population âgée de plus de 20
ans, Israël a rouvert début mars bars, restaurants et autorisé de grands
rassemblements extérieurs.
Auteur : RFI