C'est l'actualité qui a défrayé la chronique ces dernières semaines en Guinée. La participation de notre pays aux 32èmes olympiades de l'ère moderne à Tokyo. Entre remise de drapeau, annonce du retrait de la Guinée par le département des Sports pour raison de Covid-19, indignations, incompréhension, rétropédalage, les athlètes guinéens, au nombre de 5, en ont vu de toutes les couleurs avant leur départ pour la Capitale Nippone.
Après avoir raté la cérémonie d'ouverture, trop juste pour
arriver à temps, la nageuse Mariama Lamarana Touré, engagée en natation, au
100m brasse, a été la première des cinq à payer l'amateurisme des dirigeants
sportifs guinéens. Alors que sa course était prévue le dimanche 25 Juillet, la
nageuse n'arrivera jamais à temps pour concourir. Ce qui provoque une onde de
choc et une désolation rarement observées pour un sportif guinéen dans les
médias et sur les réseaux sociaux.
Il était écrit que l'aventure tokyoïte allait être un
supplice jusqu'au bout pour les guinéens.
Mamadou Samba Bah, judoka, engagé dans la catégorie des
moins de 62 kg, tombe d'entrée face à un mongol. Arrivée tardive, manque de
préparation, absence de staff technique, c'était le cocktail bien insipide qui
a inévitablement amené Samba à tomber face au guerrier mongol. La recette pour
réussir ne s'improvise pas.
Aissata Deen Conté, en athlétisme, au 100 m, et Mamadou
Tahirou Bah, nageur, ont tour à tour connu la dure réalité du très haut niveau.
Aissata Deen Conté, qui a terminé 7ème de sa course sur 9,
avec un chrono de 12.43, quant à elle, a eu le don d'amuser plus d'un
observateur. « Au moins, elle n'est pas dernière ». « Bravo
Deen, pour une fois la Guinée ne termine pas dernière ». Extrait de
quelques commentaires qu'on pouvait lire sur elle sur les réseaux sociaux.
L'espoir de médaille reposait sur Fatoumata Yarie Camara, la
dernière qui entrait en lice. La médaillée de Bronze des jeux africains de 2019
en lutte libre, comme ses compagnons de galère, a pris sa part de dose avant et
pendant les jeux olympiques. Primes impayées, préparations bâclées, manque
d'équipements, elle a connu la totale. Yarie qui réside en Italie depuis
quelques temps rêvait de médaille pour sa nation pour laquelle elle a toujours
déclaré sa flamme.
Malheureusement, le sort n'a pas été clément avec celle qui
évolue désormais dans la catégorie des moins de 57kg. D'entrée, c'est la triple
championne du monde japonaise et championne Olympique en titre, Risako Kawai,
qui se dresse sur le chemin de la guinéenne. Pas de miracle, elle perd son
combat 8 points à 2. Repêchée pour disputer la médaille de bronze contre la
mongole Khongorzul Boldsaikhan, Yarie ne fait pas le poids et s'incline
lourdement (10-0). Les chances de médaille s'évaporent définitivement pour la
lutteuse et la Guinée.
Arrivée dans des conditions difficiles à Tokyo, c'est
naturellement que la Guinée repart bredouille de ces olympiades. La 12ème fois
en autant de participation. Rêves brisées pour les uns et déception pour les
autres, ces jeux de Tokyo resteront longtemps dans les mémoires comme celles où
la Guinée s'est donnée en spectacle aux yeux du monde.
Les valeurs de l'Olympisme qui prônent surtout la
participation de toutes les nations du monde sont la seule apparemment à laquelle
se contentent les décideurs guinéens. Rien à branler des résultats et des
médailles. L'essentiel est ailleurs.
Face à la dure réalité d'un pays où les leçons des échecs ne
sont jamais tirées, tout prédire que le même scénario se produira sans nul
doute à Paris, dans 3 ans. L'avenir nous édifiera.
Béné Barry