Justice guinéenne : Haro sur les magistrats aux ordres du diable !

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  • 23 septembre 2021 12:39

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De toutes les composantes de la nation ayant défilé devant la junte militaire au Palais du peuple, depuis le 14 septembre dernier, ce sont les magistrats qui auront le plus choqué l’opinion. Comme rattrapés par leurs faits et gestes en tant que juges et procureurs, des magistrats suffisamment célèbres, se sont mis à table. Allant jusqu’à prétexter voire reconnaitre la pression des pouvoirs politiques dans l’exercice de leur sacerdoce. Difficile d’imaginer les lourdes conséquences de cette déshonorante capitulation de certains magistrats aux ordres des avantages administratifs et financiers, et aux antipodes de la République.

Les consultations entre les forces vives de la nation et le CNRD, se sont transformées en un immense tribunal pour magistrats en perte de crédibilité, avant-hier mardi 21 septembre dernier, au Palais du peuple. Devant le président de la nouvelle junte militaire, le Colonel Mamady Doumbouya, des juges se sont déjugés, alors que les procureurs, eux, ont retourné leurs réquisitoires contre eux-mêmes.

Dans une opération digne d’un exercice de catharsis, plusieurs magistrats sont passés à l’aveu. Devant les nouvelles autorités du pays, ils se sont épanchés, accusant les anciennes autorités, de ne leur avoir pas laissé les mains libres. Célèbres par leurs décisions très polémiques, mais aussi par le caractère très sensible des dossiers qu’ils ont eu à gérer, certains de nos magistrats du siège ou débout, ont admis avoir ployé l’échine sous la pression du pouvoir politique. Même si d’autres acteurs de cette corporation essentielle de notre société, en ont également profité pour dénoncer la précarité de l’appareil judiciaire. L’insuffisance des moyens matériels et techniques dont souffre la justice guinéenne sont aussi vieux que la justice elle-même.

Ainsi qu’on l’a vu, ce qui aura marqué au fer rouge les esprits des Guinéens, c’est le spectacle ubuesque de magistrats qui ont, volontairement, dirait-on, cédé à des pressions pour faire du tort à d’autres Guinéens, par l’iniquité de leurs décisions. Des décisions ayant valu à certains la prison et ses affres. Ainsi que les conséquences terribles qui en découlent, à travers des détentions arbitraires, des détentions provisoires interminables, mais aussi des condamnations à des peines commandées et fantaisistes.

De par leur comportement abominable, ils ont manqué de courage, en se complaisant à recevoir des ordres, confirmant ainsi ce qui était devenu le slogan de la désormais ancienne opposition guinéenne. « C’est une justice aux ordres », a régulièrement lancé Cellou Dalein Diallo. S’ils sont prêts à faire amande honorable, ils n’ont cependant pas dit au Colonel Mamady Doumbouya, quelles réparations prévoient-ils pour les victimes expiatoires de leurs décisions manipulées.

Ces magistrats, nos magistrats, qui sont censés dire et défendre le droit du peuple, ont trahi celui-ci, pour garder leurs privilèges administratifs et financiers. Au nom de ces privilèges, ils ont rangé des dossiers de corruption et de détournements de deniers publics. Des pratiques qui ont empêché des Guinéens d’avoir des hôpitaux, des écoles, de l’eau potable et des routes.

Ces hommes et ces femmes, si impeccables dans leurs robes noires, ont choisi les riches, les forts et le lucre au détriment de leur serment si sacré. Ils n’auront guère été dignes de ce pouvoir divin que la société guinéenne leur a confié. Le pouvoir de rendre justice pour les Guinéens.

Quand on connaît toutes les sphères de notre société dans lesquelles nos magistrats interviennent, la déception en devient davantage grande. Ce sont, par exemple, les magistrats qui président les CACV (Commissions administratives de centralisation des votes), lors des différentes élections nationales. S’agissant des élections locales, ce sont les résultats validés par eux qui désignent les élus au niveau de nos communes rurales et urbaines. Le travail de nombreux magistrats avait d’ailleurs été pointés du doigt par les partis d’opposition en février 2018.

Nos magistrats, c’est terrible !


Talibé Barry 

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