L’avènement d’un nouvel ordre sociopolitique, suite à la prise du pouvoir par le Conseil national du rassemblement pour le développement (Cnrd), semble avoir fait l’effet d’un électrochoc sur l’appareil judiciaire guinéen. Une justice qui est dorénavant sortie de son hibernation, où elle se contentait juste de décisions à la mords moi le nœud. Il a fallu le bon sens du colonel Mamadi Doumbouya pour décorseter Dame Thémis. De quoi lui donner du grain à moudre, tant la cité était devenue une zone de non droit. Pourvu que les robins se départent de leur complexe vis-à-vis de l’exécutif, pour briser le plafond de verre, qui empêchait la Guinée de devenir un état de droit.
Jamais on avait autant senti son omniprésence dans la cité,
où aucun rouage aussi bien social, qu’économique ne semble échapper à
l’attention de la justice. C’est la preuve que notre justice retrouve des
couleurs, et a dorénavant le vent en poupe.
De l’excès d’induite de M. Aboubacar Soumah, leader du parti
GDE, à l’égard de notre confrère Ahmed Camara de radio espace FM, aux présumés
fraudeurs aux examens de BEPC et leurs complices, en passant par l’hécatombe
routière survenue récemment, sur nos voiries interurbaines, sans oublier le cas
du meurtre du collégien Thierno Mamadou Diallo, j’en passe et des meilleurs,
les différents parquets compétents, ont ouvert au pas de charge, des
informations judiciaires sur ces affaires. Avoir des procureurs aux yeux
d’Argus, est pain bénit pour un pays dont les citoyens ont été durant plus de
60 ans, ballottés entre dictature et autoritarisme.
Le colon blanc ayant juste été poussé au départ en 1958,
pour faire la place à une bourgeoisie locale, qui institua une dictature
tribale, au grand dam des populations, dont les rêves de liberté se sont
transformées en chimère.
D’autant que leur sort sera relégué au second plan par une
élite dirigeante dont le souci principal sera le partage du gâteau. Le tout sur
fond de violations des droits humains.
Il aura fallu l’avènement du colonel Mamadi Doumbouya au
pouvoir le 5 septembre 2021, pour que le corset soit levé sur notre appareil
judiciaire. Un ballon d’oxygène bienvenu pour une justice, longtemps demeurée
comme un appendice de l’exécutif. Nous osons espérer qu’il y aura un avant et
un après 5 septembre pour Dame Thémis. La balle étant désormais dans le camp
des magistrats. Quand on sait que le CNRD a fini sa partition, pour avoir
redonné ses lettres de noblesse à notre justice.
L’espoir est tout de même permis, avec la bienveillance et
l’inexorabilité du procureur général de la cour d’appel de Conakry, M. Charles
Wright. Qui ne ménage ni son temps ni son énergie pour servir le peuple.
L’archétype en somme du bon juge.
Mamadou Dian
Baldé