La nomination de Fodé Bangoura, ancien cacique du régime Conté, au poste de Secrétaire permanant du cadre permanent du dialogue, est diversement appréciée dans le landerneau politique guinéen. Si certains acteurs y voient une volonté d’ouverture de la part de l’exécutif, d’autres par contre ne trouvent aucune sincérité dans ce geste qui n’aurait pour but selon eux, que de satisfaire aux injonctions de l’Union Européenne.
Il a fallu
attendre quatre mois après la mise en place du cadre du dialogue permanent,
pour connaître le nom de celui qui aura la lourde charge de conduire cette
commission de bons offices. Et contre toute attente, c’est sur un ancien
cacique de la deuxième république, en la personne de Fodé Bangoura, que le chef
de l’Etat a porté son choix.
Une
véritable surprise du chef. Car Fodé Bangoura, est un personnage dogmatique,
dont le zèle sous Lansana Conté, en avait fait une sorte d’héritier putatif.
Avant de tomber en disgrâce, victime de son bras de fer avec Mamadou Sylla,
l’autre talon rouge de cette période « grise » de notre histoire.
Ce choix,
vivement salué par la majorité présidentielle, qui voit dans cette nomination
une volonté de l’exécutif de vouloir aplanir les divergences entre les
protagonistes de la crise guinéenne, ne fait cependant pas l’unanimité au sein
de la classe politique. En effet, sans douter que l’impétrant soit de bon
conseil, les opposants au troisième mandat ne se sentent simplement pas
concernés par un cadre de dialogue, en l’état actuel des choses. Disant viva
voce que le contexte actuel n’était pas du tout favorable à un quelconque
dialogue avec un pouvoir qu’ils accusent de tous les péchés d’Israël.
Ce n’est
donc pas le passé sulfureux du secrétaire permanent du cadre permanent du
dialogue qui poserait problème, mais plutôt la crise de confiance avec le
locataire du palais. Car Cellou et ses alliés savent ce qu’en vaut l’aune, en
termes de dialogue avec le pouvoir d’Alpha Condé. Les recommandations finissant
toujours dans les fonds de tiroirs, au grand dam de l’opposition. Plus question
donc de continuer à avaler des couleuvres. Tel semble être dorénavant le
postulat des opposants. De là à dire que ce cadre de dialogue risque d’être mort-né,
est le pas que certains observateurs ont vite fait de franchir. Il n’y a donc
pas de quoi pavoiser.
Les
détracteurs du régime pensent d’ailleurs que tout ça ne serait pas pour
déplaire à l’exécutif. Qui pour la mise en place de ce cadre de dialogue censé organiser
le dialogue institutionnel, politique et social trainerait les pas. Ils ne
comprennent pas qu’entre la création de cette plateforme et la nomination de
son maître d’œuvre, qu’il se soit écoulé environ quatre mois. Surtout qu’il
aura fallu que le régime se fasse remonter les bretelles par l’UE, pour qu’il
se bouge un peu. Pour un processus de dialogue à pas comptés. Pour ne pas dire
tout simplement mission impossible pour Fodé Bangoura.
Mamadou Dian Baldé