A force de vouloir réduire de manière drastique la voilure, en termes de dépenses publiques, tout en exigeant au même moment un doublement des recettes, Alpha Condé risque de gripper simplement la machine étatique. Le chef de l'État, dont on ne peut douter de la bonne foi, de vouloir moraliser coûte que coûte l’administration publique, doit toutefois revoir cette gestion au cordeau.
Le président ne jure plus que par le « Gouverner autrement
», sa nouvelle philosophie qu’il entend imposer à son peuple. Après dix ans de
noviciat, marqué par deux mandats, au bilan mi-figue mi-raisin, Alpha Condé dit
avoir suffisamment appris du comportement de ses cadres. D’où ce branlebas
visant à sonner la fin de la récréation de cette incurie. Dans le souci de
revenir dans les bonnes grâces d’une opinion désabusée.
C’est sous ce manteau de réformateur que le président a
invité son administration à sortir des sentiers battus. Ce qui suppose de
mettre en avant la probité et le goût de l’effort. Cela n’est pas gagné d’avance.
Et pour réussir ce grand pari, Alpha Condé a commencé par
serrer la vis des dépenses publiques, quitte à asphyxier l’appareil d’État. A
cette allure, le remède risque de s’avérer anodin.
Même si le président lui, pense que c’est le passage obligé
pour un « assainissement de la gestion des deniers publics ». C’est d’ailleurs
pour cette raison qu’il ne cesse de réitérer au ministre du Budget « de veiller
scrupuleusement à ce que tous les paiements destinés à l’Etat soient faits
directement dans les comptes bancaires qui auront été identifiés à cet effet ou
par le biais de transactions électroniques ».
Dans cette nouvelle dynamique, l’administration fonctionne
en mode « économie ». Avec des cadres tenus de faire contre mauvaise fortune
bon cœur.
Le président a prévenu tout un chacun qu’il agira sans état
d’âme. Et que ceux qui ne se retrouvaient pas dans cette doctrine pouvaient
quitter simplement le navire, pendant qu’il est temps. La question que bien
d’observateurs se posent cependant est de savoir si ces institutions étatiques,
qui ne sont en réalité que des usines à gaz, pourront à ce rythme de petit
trot, relever les défis du développement ?
N’était-ce pas plus judicieux de doper plutôt les dépenses
publiques, pour un pays qui veut se hisser à la deuxième place, derrière le
Nigeria, en termes de puissance économique, à travers une production abondante
de biens et services, afin de réduire sa dépendance des exportations. Que de
tout verrouiller ?
Espérons que le président veuille rouvrir les vannes, pour
irriguer les EPA et autres EPI, où on frôle l’asphyxie, pour le grand bonheur
de notre économie. Ce ne sont pas les honorables députés qui diront le
contraire. Eux qui sont aussi privés d’émoluments, au nom de cette cure d’austérité
administrée à notre État. Un État rattrapé par ses turpitudes, de vivre
au-dessus de ses moyens.
Mamadou Dian
Baldé