RUSAL versus Mamadou Djouldé Bah : La loi du plus fort est toujours la meilleure

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  • 29 juillet 2021 11:00

  • Faits divers

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La société minière RusAl se comporte comme en terrain conquis. Les mots ne sont pas trop forts pour décrire cette condescendance vis-à-vis d’un adolescent devenu aveugle, suite à un accident causé par le déraillement d’un train minéralier de la compagnie en 2007. Après s’être engagé à supporter l’éducation de l’enfant, à vie, RusAl s’est simplement dérobée à ses obligations, en toute impunité. Laissant Mamadou Djouldé Bah et sa famille sur le carreau.

Dossier d’enquête !  

C’est un fait divers pathétique, impliquant la société minière RusAl. On va camper le décor

En septembre 2007, un accident survenu à Gbantama, dans la Préfecture de Dubréka, suite à un déraillement du train de transport des produits caustiques de la société Friguia, a fait des victimes dont Mamadou Djouldé Bah, qui a perdu ses deux yeux.

Il faut rappeler qu’à l’époque âgé de 13 ans, le petit Djouldé en provenance de Bantiguel dans la Préfecture de Pita, était en vacances auprès de sa tante. Il fut évacué d’urgence au CHU Donka, mais c’était peine perdue car les organes vitaux de ses yeux avaient déjà été consumés par la soude caustique.

RusAl a tenté de prendre le taureau par les cornes, de peur d’être éclaboussée par cette affaire très gravissime, surtout que les riverains menaçaient de s’en prendre à ses installations…

Sous la menace des riverains de s’en prendre aux installations et du fait que la Société Friguia ne souhaitait pas que cela soit su du grand public, nos amis russes changent de stratégie. Et à travers son service des relations communautaires, son Directeur Général M. Alexander FEDOTOV décide de conclure le 6 mai 2008, un accord tripartite pour la garde et l’éducation de l’enfant avec M. Kamano Jean Bobo, enseignant au centre des aveugles et malvoyants de Conakry.

Du contenu du l’accord passé entre la compagnie et le précepteur qui a accepté de prendre l’enfant sous sa garde

Jusque-là, le souci apparent de RusAl, la holding de la société Friguia, était selon des sources internes à la compagnie, d’assurer au jeune homme, désormais aveugle et malade à vie, une bonne éducation. Et M. Amadou Sara Bah, père de Mamadou Djouldé Bah, ignorant les droits à la réparation d’un tel préjudice, accepte cette offre de RusAl. Tout comme M. Jean Bobo Kamano aussi, acceptera de prendre le petit Djouldé sous sa garde personnelle.

Quelles en étaient les clauses financières qui étaient assujetties, il faut le noter, au désistement des parents de la victime ?

Sur les clauses financières, la société Friguia s’engage à prendre en charge les frais de scolarité de l’enfant pendant tout le cycle primaire. En contrepartie du désistement définitif de la famille, la société Friguia s’engage à verser une allocation mensuelle de 500 mille GNF à M. Kamano pour la garde et le suivi de l’enfant. L’entente entre les parties précise en son article 2 que cette somme servira de frais de subsistance, de soins médicaux et autres menues dépenses liées à la garde de l’enfant.

M. Jean Bobo Kamano, conformément aux termes de cet accord, s’engage à prendre l’enfant en charge dans sa famille et d’assurer son éducation, tant à la maison qu’à l’école. Il acceptera en plus la visite des parents de Djouldé et des représentants de la société Friguia et informera la compagnie Friguia ou les parents de tout incident ou toute altération grave de l’état de santé de l’enfant dans un bref délai.

Et c’est contre toute attente que la compagnie a mis un terme à cet accord en 2012, profitant de la grève qui a plombé les activités de l’usine. Quel est l’argument que RusAl a fait prévaloir, pour se dérober à ses obligations vis-à-vis de cet enfant devenu aveugle de par leur faute ?

Par ailleurs l’article 3 de l’accord stipule une durée d’un an renouvelable par tacite reconduction. Mais brusquement en 2012, sans dénonciation mais faisant suite à la grève de ses travailleurs la société Friguia, RusAl a suspendu le paiement de cette prime sans aucune autre forme d’explication connue de l’enquête.

Peut-on savoir ce qu’est devenu Mamadou Djouldé depuis 2012 ?

Cet accord étant soumis au droit guinéen et qui dispose qu’il peut être résilié si l’une ou l’autre des parties manque à ses engagements, sans y apporter de remède dans un délai d’un mois, le jeune Mamadou Djouldé Bah a été refoulé dans la nature. Et depuis, ce fils de petit paysan, les yeux imbibés de larmes, n’arrête pas d’arpenter des ministères et des rues de la capitale pour solliciter le secours des bonnes volontés, afin qu’il puisse poursuivre ses études et le traitement de sa déficience visuelle. En vain.

Akoumba Diallo

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