La Cédéao se réunit, ce jeudi 16 septembre, en sommet extraordinaire
pour statuer sur le cas de la Guinée, onze jours après le coup d’État. La
semaine dernière, l’organisation sous régionale avait suspendu le pays de ses
instances. Ira-t-elle plus loin ce jeudi en sanctionnant directement le pays ?
L’hypothèse est sur la table. Pour les aider à trancher, les chefs d’États
ouest-africains auront entre leurs mains le rapport de la mission qui s’est
rendue sur place vendredi dernier.
Dans leur rapport de mission, les
émissaires de la Cédéao formulent plusieurs recommandations. D’abord que la
transition soit civile ensuite qu’elle soit courte. Les membres de la mission
étaient divisés sur sa durée, certains plaidant pour une transition rapide de 6
mois, d’autres pour une parenthèse d’un an. « Mais tout le monde est d’accord
qu’on ne doit pas dépasser les 12 mois », assure hors micro un des membres de
la mission.
Parmi les autres
recommandations figurent la libération des prisonniers et en particulier celle
du président déchu Alpha Condé. Ces préconisations seront au centre des débats
ce jeudi. Les chefs d’État choisiront-ils en parallèle de sanctionner le pays
comme ils l’avaient fait l’an passé pour le Mali après le 1er coup d’État ?
L’hypothèse est sur la table mais la question semble faire débat.
« Quelles sanctions vous voulez
leur donner au stade où nous en sommes ? », s’interroge un ministre de la
région qui pointe la popularité de ce coup d’État. « Sanctionner les
militaires, ce serait rendre la Cédéao totalement impopulaire », estime-t-il.
Et ce responsable de plaider en conséquence pour une certaine mansuétude
histoire « de ne pas encore décrédibiliser l’organisation ». L’idée serait
ainsi de ne pas sanctionner les militaires guinéens dans l'immédiat mais plutôt
de les menacer de sanctions personnelles et collectives s’ils ne respectaient
pas les recommandations de l’organisation sous régionale.
Le chef de la junte s'adresse à la communauté internationale
Du côté guinéen, le colonel
Mamady Doumbouya recevait mercredi le corps diplomatique et consulaire au
Palais du peuple à Conakry lors des journées de concertations nationales.
L'occasion pour le chef de la junte de délivrer un message à la communauté
internationale, à qui il a demandé en quelque sorte de privilégier le
pragmatisme.
« Dans notre volonté collective
de rebâtir ensemble les fondements de notre nation, nous ne voulons pas
commettre les mêmes erreurs du passé. Cette ambition nationale, collective,
peut parfois aller à l’encontre des chemins balisés par les principes convenus
par les organisations régionales, sou régionales et internationales. Ceci ne
signifie pas que nous nous mettons en dehors des règles. Nous avons besoin de
vous à nos côtés pour accompagner le processus sans pression, sans injonction,
en faisant primer le réalisme sur la théorie et les principes. »
La communauté internationale a
toujours été au chevet de la Guinée, c’est pourquoi nous avons souhaité vous
écouter, entendre vos analyses, recevoir toutes les propositions enrichissantes
dans le respect de notre intégrité, de notre dignité et de notre souveraineté.
Selon la ministre ghanéenne des
Affaires étrangères, les représentants de la Cédéao devraient aussi discuter de
la situation au Mali. Les présidents du Liberia et de la Guinée Bissau étaient
déjà arrivés ce mercredi soir à Accra.
Avec RFI