Avec le discours du colonel Mamadi Doumbouya qui se fait de plus en plus rigide, brouillant ainsi les pistes sur le déroulé du chronogramme devant mener le pays vers le retour à l’ordre constitutionnel, seuls ceux qui savent lire l’avenir dans une boule de cristal pourraient dorénavant nous situer sur l’épilogue de la transition. Tout en se gardant de faire un procès en sorcellerie au chef de la junte, le moment est toutefois venu d’éviter de pêcher par excès d’angélisme. Face à plusieurs faisceaux d’indices qui remettent en cause la bonne foi et la moralité des autorités de la transition.
C’est comme s’il y avait un avant et un après du discours
prononcé par le chef de l’État, à la faveur de la 78ème session de l’assemblée
générale des Nations Unies en septembre dernier à New York.
Le chef de la junte ayant pris sur lui à l’occasion de cette
sortie solennelle, avec un air grandiloquent, de dévoiler les intentions de son
gouvernement dans la gestion de la transition. En faveur d’un changement de cap
qui tranche avec les fondamentaux de la charte de la transition.
Ainsi le curseur a été placé en priorité sur le volet
social, qui englobe en lui-même l’édification des infrastructures. Ce maillage
du territoire en logements sociaux et en ouvrages de franchissement, visant à
doper l’économie par la création d’emplois. Une vision purement keynésienne. Ce
n’est qu’après ces deux piliers à savoir le social et l’économie, que le
troisième pilier de ce trépied, à savoir le politique pourrait être pris en
compte.
Une inversion des priorités qui est tombée comme un couperet
sur la tête de l’opposition. Qui peine pour le moment à reprendre ses esprits,
tant le choc est rude.
Car à l’allure où va le vaisseau, le capitaine, tout en se
donnant fière allure, est soupçonné de vouloir conserver les manettes au-delà
des deux ans impartis pour la durée de la transition. Quitte à faire preuve de
parjure.
En attendant que cette volte-face de la junte n’impacte
insidieusement le chronogramme de la transition, il faut reconnaître qu’elle a
provoqué une véritable douche froide sur l’aile dure des forces vives.
Des opposants qui se répandent depuis lors en imprécations,
tout menaçant de battre le pavé dans les jours à venir. Le discours du 02
octobre n’ayant fait que raviver les braises.
L’avenir nous dira qui aura le dessus dans ce mano à mano
qui s’annonce sanglant. Entre une junte faisant preuve d’une opiniâtreté à
toute épreuve et une opposition qui se ramollit au fil des jours.
Ne s’en tenant désormais qu’à des menaces en l’air. Ses deux
ténors étant hors du pays, à savoir Dalein et Sidya, au grand dam de leurs
troupes. Sans oublier le FNDC dissous dont les leaders ont aussi pris un repos
sabbatique. Laissant le CNRD, seul maître à bord. Naviguant sur des eaux
calmes.
Mamadou Dian Baldé