Dans une déclaration rendue publique ce jeudi, 17 février 2022, le Barreau de Guinée dénonce la décision du CNRD de suspendre « l’émission des titres fonciers et des baux à construction et emphytéotiques ainsi que l'interdiction des occupations et octrois de domaines publics ». Selon l’ordre des avocats, cette mesure « est une atteinte aux droits des particuliers, à la reconnaissance et à la protection de leur droit de propriété ».
« Le 31 janvier dernier, le Barreau de Guinée a suivi
au même moment que l'opinion nationale et internationale, la lecture du
communiqué N°003 du CNRD relatif à la suspension de l'émission des titres
fonciers, des baux emphytéotiques et des baux à construction ainsi que
l'interdiction des occupations et octrois de domaines publics.
Le Barreau de Guinée note que ce dernier point relève du
domaine régalien de l'Etat. Mais, le CNRD, bien qu'étant défini par la Charte
de la Transition, comme l'organe central de définition et d'orientation
stratégique de la politique économique, sociale, culturelle et du développement
du pays, ne saurait se substituer au Gouvernement pour engager l'Etat dans la
gestion du domaine public. Celle-ci relève principalement du Ministère de
l'Urbanisme de l'Habitat et de l'Aménagement du Territoire (article 109 du Code
Foncier et Domanial).
Le Barreau de Guinée rappelle que la suspension de
l'émission des titres fonciers et des baux à construction et emphytéotiques,
est une atteinte aux droits des particuliers, à la reconnaissance et à la
protection de leur droit de propriété.
Il en est de même de la toute première décision du Ministre
de l'Urbanisme de l'Habitat et de l'Aménagement du Territoire interdisant toute
cession ou vente d'immeuble ou de terrain avant leur immatriculation à la
Conservation Foncière, alors que le Code civil qui régit la vente ne prévoit
cela ni comme une condition de fond ni comme une condition de forme.
En effet, suspendre l'émission de ces titres et baux est de
nature à restreindre ou à supprimer les droits fondamentaux consacrés par les
instruments juridiques relatifs aux droits de l'Homme notamment, le droit de
propriété, la liberté d'entreprise ou de commerce, liberté consacrée et
garantie par l'article 24 de la Charte de la Transition, lesdits baux étant des
contrats, conférant des droits réels immobiliers, cessibles et transmissibles
au sens des articles 17 et suivants du Code foncier et domanial, 828 et
suivants du Code civil.
Il est important de rappeler que l'Ordonnance
N°2021/001/PRG/CNRD/SGG du 17 septembre 2021 a prorogé les lois nationales, les
conventions, traités et accord internationaux en vigueur à la date du 05
septembre 2021.
Par ailleurs, mettre en demeure les gérants ou
administrateurs des domaines bâtis, de transférer à l'Etat la gestion desdits
domaines dont la plupart ont fait l'objet soit de vente ou de baux, sans
respecter les dispositions légales en la matière, est une violation des textes
de lois qui régissent ces matières. En l'espèce, à défaut d'un règlement à
l'amiable, seul le Juge a compétence pour régler de telles questions.
En tout état de cause, le Barreau de Guinée, fidèle à sa
mission de défenseur des droits et libertés individuels, soutient toute initiative
tendant à récupérer les biens spoliés au détriment de la collectivité
nationale. Mais il exige que toutes les actions qui s'inscrivent dans ce cadre
soient menées dans le strict respect des lois de la République et des
procédures qu'elles prévoient.
Le Barreau de Guinée s'insurge et condamne tout procédé non
prévu par les textes de lois notamment les communiqués qui, selon la
législation guinéenne, n'ont pas valeur de règles de droit ou de décisions de
justices.
Le Barreau de Guinée rappelle que l'Etat est un sujet de
droit même dans une période d'exception et invite les citoyens qui s'estiment
victime d'arbitraire à saisir les juridictions compétentes pour défendre leurs
droits… »
La rédaction
Lansana king Daffe 17 février 2022 19:02
Fin c'est une fierté guinneene...