Chaos, annulation de vols en pagaille, travailleurs mécontents : une grève des contrôleurs aériens paralyse depuis vendredi 23 septembre matin plusieurs aéroports africains, notamment celui d'Abidjan où la totalité des vols commerciaux ont été annulés. Le mouvement de grève, lancé par l'Union des syndicats des contrôleurs aériens de l'Asecna (USYCAA), devrait durer 48 heures.
Les grévistes réclament notamment une amélioration de leurs
conditions de travail et de meilleurs plans de carrière. « Aucun vol n'a décollé
ni atterri aujourd'hui », a indiqué une source au sein de l'aéroport d'Abidjan,
qui a souhaité garder l'anonymat. « On ne peut pas opérer. Tous nos vols sont
annulés », a confirmé à l'AFP le responsable de la communication de la
compagnie Air Côte d'Ivoire, Yacouba Fofana.
La compagnie Air France jointe à Abidjan a également confirmé
l'annulation de ses deux vols au départ de Roissy, censés atterrir dans la
soirée dans la capitale économique ivoirienne, ainsi que de deux vols qui
devaient en partir vers la France. Les vols Air France drainent chaque jour des
centaines de passagers entre les deux pays.
« Mouvement général »
L'Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en
Afrique et à Madagascar (Asecna) compte 18 États membres, principalement des
pays d'Afrique francophone. « C'est un mouvement général », a déclaré à l'AFP
un responsable de l'USYCAA au Burkina Faso, qui affirme que « le service
minimum est assuré pour les vols militaires et humanitaires ».
Abidjan n'est donc pas le seul aéroport concerné par des perturbations
d'ampleur. Aucun avion n'a atterri ou décollé de l'aéroport de Ouagadougou,
selon des sources aéroportuaires.
À Bamako, quasiment tous les vols commerciaux ont été
annulés, a dit un responsable de l'aéroport souhaitant rester anonyme.
Une responsable d'une agence de voyages de Dakar a également
fait état de passagers coincés à Lomé, au Togo.
À Dakar, 5 vols sur 17 ont été annulés, selon un responsable
de l'aéroport, là aussi sous le couvert de l'anonymat. Et l'Afrique centrale
n'était pas non plus épargnée : au Cameroun, la compagnie nationale Camair-Co a
indiqué sur Twitter que la grève a conduit « à l'annulation de tous ses vols »
vendredi. « La grève se poursuit », a prévenu le Syndicat national des
contrôleurs aériens de ce pays.
Toujours vendredi, dans un communiqué, l'Asecna a déploré la
tenue de cette « grève sauvage », malgré l'interdiction de celle-ci « par tous
les tribunaux saisis ». Les autorités sénégalaises avaient « saisi la justice
et cette dernière a suspendu la grève et réquisitionné les aiguilleurs. Malgré
cette réquisition, les aiguilleurs n'étaient pas dans la tour de contrôle
vendredi matin et les autorités les ont remplacés par des militaires de l'armée
de l'air », a expliqué le responsable de l'aéroport de Dakar.
En Côte d'Ivoire, le ministère des Transports a qualifié
cette grève d'« illégale », expliquant que la justice ivoirienne avait suspendu
jeudi le préavis. Le ministère regrette que la grève intervienne alors que la «
dynamique de dialogue est enclenchée ». Un premier préavis de grève avait été posé
pour le 25 août dernier, mais le mouvement avait finalement été suspendu et des
négociations entamées.
« Nous avons déjà épuisé les recours tant administratifs qu'institutionnels dans la gestion de cette crise, mais nous avons devant nous des syndicalistes qui s'obstinent à faire ce qu'ils veulent », a déclaré la responsable des ressources humaines de l'Asecna, Ceubah Guelpina, lors d'une conférence de presse.
Avec Le Point