Les soussignés dénoncent, au nom du FNDC, les discours annonciateurs
d’une probable répression qui interviendrait en réaction aux futures
manifestations pacifiques citoyennes, par des hauts responsables du
gouvernement en séjour dans la région administrative de N’zérékoré.
Les soussignés ont été abasourdis
par de telles déclarations d’une dangerosité extrême, qui confirment la volonté
de museler les voix discordantes et le sentiment d’arrogance et d’impunité, au
mépris des acquis et du passé récent qui animent la junte militaire au pouvoir
et ses partisans.
Ce nouvel épisode s’inscrit dans
un climat où la junte militaire reste sourde à toute demande de dialogue
sincère avec les véritables forces vives de la nation et son obsession
d’interdire toute manifestation des voix dissonantes, en potentialisant
l’instauration d’une nouvelle dictature après des décennies sombres traversées
par le peuple de Guinée.
Les soussignés rappellent à la
junte et à ses intermédiaires que le droit à la liberté de réunion pacifique et
la liberté d’expression sont protégés par l’article 21 du Pacte International
relatif aux Droits civils et Politiques et par l’article 11 de la Charte
Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.
Cette décision est aux antipodes
également de la Charte de la Transition dont la junte a décidé de se munir et
signée le 27 septembre 2021 par le Président de la Transition, dont l’article
34 stipule que « les libertés d’association, de réunion, de presse et de
publication sont garanties » et l’article 8 qui dispose que « Les libertés et
droits fondamentaux sont reconnus et leur exercice est garanti aux citoyens
dans les conditions et formes prévues par la loi. Aucune situation d’exception
ou d’urgence ne doit justifier les violations des droits humains ».
Ces déclarations méconnaissent
frontalement les principes démocratiques et d’Etat de droit qui doivent
encadrer toute gouvernance, militaire soit-elle. Elles trahissent les
aspirations des citoyens à une Guinée nouvelle.
Par conséquent, nous annonçons
alerter la CPI sur la dérive manifeste du CNRD et du gouvernement qui ouvre la
voie à une possible répression de toute forme d’expression démocratique et à la
violation des libertés et droits fondamentaux.
Nous avons également informé la
juridiction sur la tenue de manifestations pacifiques organisées par le FNDC
très prochainement en lui demandant de faire preuve de la plus grande vigilance
quant aux menaces d’une nouvelle série de graves violations des droits de
l’homme en Guinée par la junte militaire.
Les soussignés dénoncent les
méthodes autoritaires employées qui ne peuvent prospérer qu’avec l’assistance
et donc la complicité de différents agents publics qui par conséquent en seront
redevables. Ils annoncent saisir la Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme
Madame Michelle Bachelet, la Rapporteuse Spéciale sur la Situation des
Défenseurs et Défenseuses des droits humains Madame Mary Lawlor, le Rapporteur
spécial sur le droit de réunion pacifique et d’association Monsieur Clément
Nyaletsossi Voule, ainsi que les organisations internationales comme Human
Rights Watch, Amnesty International et la FIDH afin que des actions urgentes
soient prises contre les pratiques ci-avant dénoncées.
La communauté internationale, les
organisations régionales et les Nations Unies sont également concernées par
cette alerte.
Plus que jamais, la communauté
internationale ne doit pas fermer les yeux et faire la sourde oreille sur le
basculement de la junte guinéenne vers un système autocratique et en tirer
l’ensemble des conséquences qui s’imposent.
Paris, le 26 mai 2022
William BOURDON Vincent
BRENGARTH