La junte au pouvoir au Mali a « dénoncé » lundi 2 mai les accords de défense signés avec la France et ses partenaires européens. La décision a été notifiée par le ministère malien des Affaires étrangères au chargé d’affaires de l’ambassade de France à Bamako. Si le processus de désengagement de la force française Barkhane et de la force européenne Takuba du Mali avait déjà commencé depuis quelques semaines, cette annonce indique le niveau de tension entre Paris et Bamako.
Les autorités maliennes ont « dénoncé » lundi 2 mai le
traité de coopération en matière de défense, signé le 16 juillet 2014 avec la
France, ainsi que les Accords déterminant le statut des forces Barkhane et
Takuba. Le ministère malien des Affaires étrangères affirme avoir informé les
autorités françaises. La dénonciation par le Mali du traité prendra effet
officiellement dans six mois.
Bamako a également déclaré caducs les accords signés avec
d’autres pays européens, dont la France, dans le cadre de l’opération « Takuba
» destinée à lutter contre le terrorisme au Sahel. Pour justifier la décision
prise, le communiqué officiel fustige « les atteintes flagrantes » de la part
des forces française présentes et de « multiples violations » de l’espace
aérien du Mali.
Malgré l’annonce faite par le gouvernement, sur le terrain,
les choses ne vont pas tellement changer. Paris avait déjà prévu le départ de
ses troupes et le calendrier du retrait de la force Barkhane est déjà en cours.
« Il peut y avoir tout au plus de la guérilla administrative », confie une
source diplomatique européenne.
Les griefs du Mali
Dans un communiqué lu à la télévision nationale, le
porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, a invoqué les « atteintes
flagrantes » de la part de la France, engagée militairement dans le pays depuis
2013, à la souveraineté nationale. Il a cité « l’attitude unilatérale » de la
France lorsqu’elle a suspendu en juin 2021 les opérations conjointes entre les
forces françaises et maliennes, l’annonce en février 2022, « encore sans aucune
consultation de la partie malienne », du retrait des forces Barkhane et Takuba,
et les « multiples violations » de l’espace aérien par les appareils français
malgré l’instauration par les autorités d’une zone d’interdiction aérienne
au-dessus d’une vaste partie du territoire.
« Eu égard à ces insuffisances graves ainsi qu’aux atteintes
flagrantes à la souveraineté nationale du Mali, le gouvernement de la République
du Mali décide de dénoncer le traité de coopération en matière de défense du 16
juillet 2014 », a-t-il déclaré.
En revanche, c’est avec « effet immédiat » que les autorités
maliennes dénoncent le Sofa de mars 2013 encadrant l’engagement de la force française
Serval, puis Barkhane, ainsi que le protocole additionnel de mars 2020
s’appliquant aux détachements européens de Takuba, le regroupement d’unités
spéciales européennes initié par la France, a-t-il dit.
Aucune réaction
officielle n’a été obtenue dans un premier temps à Paris.
La nouvelle sortie de Bamako contre la France et ses
partenaires intervient quelques semaines après la fermeture d’un important camp
de l’armée française à Gossi, dans le nord. La semaine dernière, l’armée
française a révélé, images de drone à l’appui, la mise en scène d’un charnier
dans ce camp et accuse les Russes de Wagner d’être à l’origine de l’opération.
Le gouvernement malien a violemment réagi mercredi 27 avril en accusant l’armée
française d’« espionnage », de « subversion » ou encore d’avoir violé l’espace
aérien malien. Ces arguments ont à nouveau été réfutés par la France.
RFI