«Non à la corruption»! Le slogan, lancé par le pape François a été repris en chœur, à pleins poumons, par les milliers de jeunes qui sont venus à la rencontre du Saint-Père, dans l’immense stade des martyrs de Kinshasa. Brandissant les méfaits de ce fléau sur l’économie et la vie sociale d’un pays riche aux habitants pauvres, l’hôte de quatre jours de la communauté catholique de la République démocratique du Congo n’a pas manqué de mettre en évidence la corruption comme un péché de destruction massive. Même s’il a évité de prédire les feux de l’enfer aux corrupteurs et corrompus, il a bien essayé d’amener les jeunes qui constituent la frange majoritaire de la RD Congo à prendre leurs responsabilités, pour bannir définitivement de leur quotidien, cette plaie qui ronge tout un pays au point d’en devenir le sport national le plus prisé. Et comme le dit le proverbe, le poisson pourrissant toujours par la tête, ceux qui nous dirigent sont les meilleurs élèves de la classe en la matière.

Toute chose qui pousse, inévitablement, le cancer à se métastaser, même dans les écoles où grâce à la magie de billets de banque qui changent de main d’élèves à celle d’enseignants et aux MST, c’est-à-dire les moyennes sexuellement transmissibles, les passages en classe supérieure et obtention de diplômes s’effectuent. Tout se monnaie, et des agents qui sont déjà payés pour leur travail deviennent de grands adeptes du «under the table». Et dans l’administration publique, la formule pour les initiés est de déposer un caillou, c’est-à-dire l’argent, sur son dossier pour éviter que le vent l’emporte! Sur les routes, les chauffeurs savent qu’ils ne doivent pas remettre les documents de leurs véhicules à l’agent sans glisser à l’intérieur un ou quelques billets de banque. Au Bénin, avant que le président Patrice Talon n’entreprenne l’œuvre de salubrité publique salvatrice, c’était le règne du «deux-cent avec tes pièces», au lieu de «descends avec tes pièces». En somme, aucun secteur de la société n’est épargné par le mal qui enrichit davantage les riches et appauvrit encore plus les pauvres!

«Tu ne voleras pas». C’est pourtant le 7e des 10 Commandements qui constituent la règle d’or pour être un bon enfant de Dieu, donc pour les chrétiens catholiques de Congo Kinshasa. Les chrétiens catholiques du monde entier connaissent sans doute sur le bout des doigts ces préceptes qui sont enseignés par le prêtre ou le catéchiste dès le bas âge. Mais comme leurs semblables d’ailleurs, les fidèles catholiques de la République démocratique du Congo, trébuchent régulièrement sous le poids de ce péché que le démon met régulièrement à contribution pour les éloigner de Dieu. Cette tentation à laquelle tous succombent de nos jours, même des hommes de Dieu, gangrène,  sous le vocable de corruption, la société entière. Le Pape François en connaît un bout, lui qui a démis de ses fonctions et accepté, sans doute la mort dans l’âme, l’inculpation, le 3 juillet 2021, du Cardinal Antonio Becciu. Celui-ci était accusé, avec neuf autres personnes, de crimes financiers, plus précisément, de détournement de fonds, de blanchiment d’argent, de fraude, d’extorsion et d’abus de pouvoir. Certes, bien des scandales financiers ont éclaboussé les soutanes blanches du Saint-Siège mais c’était la toute première fois qu’un aussi haut responsable du Vatican était en jugement pour délits financiers.

Le pape François qui continue, ce vendredi, son périple africain en mettant le cap sur Juba, a-t-il réussi à raviver la foi de ses ouailles dont nombre d’entre eux, assaillis par les vicissitudes de la vie sont tombés sous le charme des Evangélistes de l’église du Réveil? Avec ce séjour du chef de l’Eglise catholique en RD Congo, le Dieu d’Abraham et de Jacob reprendra-t-il le dessus sur Mammon, l’argent-dieu qui soumet à ses pieds tous les puissants et les misérables de ce monde, y compris de la RD Congo?  En tout cas, le Seigneur saura toujours reconnaître les siens et au jour du jugement dernier, il y aura certainement des pleurs et des grincements de dents! Et François a dû le rappeler à ses hôtes de la RDC comme il le fera avec ceux du Soudan du Sud auxquels il apportera joie et espérance, eux qui sont confrontés à des conflits endémiques.