Les barons de l’ancien régime ont fini par se résoudre à affronter la justice de face. Sans faux-fuyant. Après avoir tenté des pirouettes, consistant à peindre la justice guinéenne sous les traits d’une justice kafkaïenne. Le manège s’est avéré contre-productif. D’autant que même dans les rangs des aficionados de ces personnalités, cela a provoqué de la frustration. Car on ne peut vouloir une chose et son contraire.
La chambre du jugement de la Cour de répression des
infractions économiques et financières (Crief), présidée par M. Francis Kova
Zoumanigui, a atteint sa vitesse de croisière ce lundi 20 mars. Avec la
comparution à la barre des gros bonnets du régime déchu, pour « détournement de
deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux ».
C’est Dr Mohamed Diané, ancien ministre de la Défense et
factotum du président Alpha Condé, qui a ouvert ce ballet judiciaire grandeur
nature.
D’autres personnalités et non des moindres attendent dans le
box des accusés. C’est le cas de M. Oyé Guilavogui, ancien ministre d’État
chargé de l’Environnement, et l’ancien Premier ministre Dr Kassory Fofana.
Sans oublier l’ex-président de l’Assemblée nationale M. Amadou
Damaro Camara.
Toute cette fournée de personnalités devra répondre des
faits de corruption devant cette cour spéciale, portée sur ses fonts
baptismaux, au lendemain du putsch du 05 septembre 2021. Pour confondre les
bandits à col blanc.
Le défi est dantesque pour cette institution et ses membres,
dont la tâche s’apparente à retrouver une aiguille dans une botte de foin.
Quand on sait que les artifices ne manquent pas à ceux qui barbotent dans les
deniers publics, pour dissimuler leurs avoirs mal acquis.
Le système de prête-noms en est un, pour ne citer que
celui-ci parmi tant d’autres, qui permet aux cadres véreux de camoufler leur
fringale pour l’argent public.
Il revient donc à la Crief de débrouiller l’écheveau de
toutes ces affaires de détournement de deniers publics, citées devant les
instances de la cour.
Pour revenir au procès de ce lundi, il conviendrait de noter
que Dr Mohamed Diané a nié en bloc toutes les charges portées à son encontre.
Il entend ainsi avec ses avocats fissurer la muraille du parquet de la Crief.
Cette ligne de défense consistant à rejeter les accusations, vient supplanter
la stratégie de rupture qui avait été adoptée au départ par la défense. Et qui
elle, consistait à récuser la cour. En invoquant des raisons purement politiques,
comme motif de leur arrestation.
Les accusés et leurs conseils se seraient rendu compte in
fine que la mayonnaise avait du mal à prendre. Sans compter avec l’opiniâtreté
du procureur Aly Touré de faire comparaître les accusés de gré ou de force.
Tout ça mis bout à bout, aura fini par les contraindre à
avoir les yeux en face des trous. Et à se résoudre à affronter Dame Thémis en
face, bille en tête. Même Kassory serait sorti de son ambivalence. Sa
comparution ne serait qu’une question de jours, le temps de reprendre des
forces.
Ces grands messieurs devraient comprendre qu’ils n’auront
pas meilleure tribune pour cracher tout le fiel qui leur ronge le cœur, que
cette cour. Voilà qui annonce les couleurs d'un face à face épique entre Aly
Touré et les anciens barons, qui jouent leur va-tout.
Mamadou Dian Baldé