Le rapport sur l’état de la gouvernance et la reddition des comptes portant sur l’exercice 2022, publié récemment par les services du vérificateur général est tombé comme un pavé dans la marre du gouvernement de transition. Mais pas que, car cette radioscopie de la gouvernance administrative et financière de nos institutions étatiques, dressée par l’IGE, a pu se rappeler aux bons souvenirs du régime précédent. Comme pour dire que l’on n’est pas sorti de l’auberge. Étant soumis par le coup du sort, aux caprices de pouvoirs interchangeables.
Ce vade-mecum de l’Inspection Générale d’État au-delà d’être
une véritable bombe à fragmentation, il pose également un diagnostic alarmant
de l’appareil administratif guinéen.
A la lecture de ce fameux rapport à charge, en guise de
marqueur, notre attention a été frappée par le faramineux montant de près de
cinq cent milliards de fg figurant dans la case des dépenses injustifiées. Une
révélation hallucinante qui vient renforcer la conviction des détracteurs de la
junte, qui qualifient de plâtre sur une jambe de bois, le plan anti-corruption
du gouvernement.
Les différents pans de ce rapport très fouillé, n’a fait
qu’apporter de l’eau au moulin des oiseaux de mauvais augure. La radioscopie
laisse entrevoir un bric-à-brac de dépenses injustifiées, de diplômes non
conformes, de déperditions de recettes, de créances non recouvrées, de régies
sans base juridique, j’en passe et des meilleurs.
Au visa de tous ces manquements pointés du doigt par les
limiers de l’IGE, une chatte n’y retrouverait pas ses petits.
L’ACGP, la SONAPI, l’ARMP et la LONAGUI ne diront pas le
contraire. Ces structures étant parmi celles qui détiennent la palme en termes
d’irrégularités majeures dans leur fonctionnement. Sans oublier le Fonds
forestier national (FFN), qu’on pourrait revêtir aussi du bonnet d’âne du
mauvais gestionnaire. Pour ne pas dire du concussionnaire.
Le cas de ce fonds frise le ridicule, quand on sait que «
L’IGE dit avoir constaté dans les comptes financiers du FFN des dépenses d’entretien
des plantations forestières et de sécurisation des forêts classées de Kaloum,
effectuées au cours des exercices 2019 et 2020, pour un montant total GNF 3 235
006 406 ».
Des forêts que même les satellites de la NASA ne pourraient
localiser. Tout ça dépasse l’entendement humain. Et ferait flipper saint
Antoine de Padoue. Ce sont là autant d’artifices qui dénotent de l’ingéniosité
de nos cadres, dont certains sont dotés d’une âme de flibustier.
Et le colonel Mamadi Doumbouya vient certainement d’en faire
l’amère expérience. Lui qui déclarait dans son discours fondateur de sa
refondation de l’État, avec la foi du charbonnier, être venu pour remettre les
choses à l’endroit.
En termes de lutte contre la corruption, c’est quasiment le
statu quo ante, si l’on s’en tient au contenu de ce rapport de l’IGE. Même la
mise en place de la Crief n’a pas l’air d’avoir dissuadé les cols blancs. Comme
si le colonel n’avait fait que tirer des plans sur la comète.
Pour finir, disons que ce rapport vient à point nommé. A
l’exécutif de veiller à l’application de ces recommandations, au pied de la
lettre. Un coup de barre qui s’impose pour le salut de la république.
Mamadou Dian Baldé