Lutte contre la corruption : Quand la junte tire des plans sur la comète (Éditorial)

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  • 19 juin 2023 08:38

  • Politique

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Le rapport sur l’état de la gouvernance et la reddition des comptes portant sur l’exercice 2022, publié récemment par les services du vérificateur général est tombé comme un pavé dans la marre du gouvernement de transition. Mais pas que, car cette radioscopie de la gouvernance administrative et financière de nos institutions étatiques, dressée par l’IGE, a pu se rappeler aux bons souvenirs du régime précédent. Comme pour dire que l’on n’est pas sorti de l’auberge. Étant soumis par le coup du sort, aux caprices de pouvoirs interchangeables.

Ce vade-mecum de l’Inspection Générale d’État au-delà d’être une véritable bombe à fragmentation, il pose également un diagnostic alarmant de l’appareil administratif guinéen.

A la lecture de ce fameux rapport à charge, en guise de marqueur, notre attention a été frappée par le faramineux montant de près de cinq cent milliards de fg figurant dans la case des dépenses injustifiées. Une révélation hallucinante qui vient renforcer la conviction des détracteurs de la junte, qui qualifient de plâtre sur une jambe de bois, le plan anti-corruption du gouvernement.

Les différents pans de ce rapport très fouillé, n’a fait qu’apporter de l’eau au moulin des oiseaux de mauvais augure. La radioscopie laisse entrevoir un bric-à-brac de dépenses injustifiées, de diplômes non conformes, de déperditions de recettes, de créances non recouvrées, de régies sans base juridique, j’en passe et des meilleurs.

Au visa de tous ces manquements pointés du doigt par les limiers de l’IGE, une chatte n’y retrouverait pas ses petits.  

L’ACGP, la SONAPI, l’ARMP et la LONAGUI ne diront pas le contraire. Ces structures étant parmi celles qui détiennent la palme en termes d’irrégularités majeures dans leur fonctionnement. Sans oublier le Fonds forestier national (FFN), qu’on pourrait revêtir aussi du bonnet d’âne du mauvais gestionnaire. Pour ne pas dire du concussionnaire.

Le cas de ce fonds frise le ridicule, quand on sait que « L’IGE dit avoir constaté dans les comptes financiers du FFN des dépenses d’entretien des plantations forestières et de sécurisation des forêts classées de Kaloum, effectuées au cours des exercices 2019 et 2020, pour un montant total GNF 3 235 006 406 ».

Des forêts que même les satellites de la NASA ne pourraient localiser. Tout ça dépasse l’entendement humain. Et ferait flipper saint Antoine de Padoue. Ce sont là autant d’artifices qui dénotent de l’ingéniosité de nos cadres, dont certains sont dotés d’une âme de flibustier.

Et le colonel Mamadi Doumbouya vient certainement d’en faire l’amère expérience. Lui qui déclarait dans son discours fondateur de sa refondation de l’État, avec la foi du charbonnier, être venu pour remettre les choses à l’endroit.

En termes de lutte contre la corruption, c’est quasiment le statu quo ante, si l’on s’en tient au contenu de ce rapport de l’IGE. Même la mise en place de la Crief n’a pas l’air d’avoir dissuadé les cols blancs. Comme si le colonel n’avait fait que tirer des plans sur la comète.

Pour finir, disons que ce rapport vient à point nommé. A l’exécutif de veiller à l’application de ces recommandations, au pied de la lettre. Un coup de barre qui s’impose pour le salut de la république.

Mamadou Dian Baldé

 

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