Emmanuel Macron et Marine le Pen vont se retrouver mercredi soir 20
avril pour le débat de l'entre-deux-tours. C'est le moment que tout le monde
attend dans une campagne qui a eu du mal à passionner les Français. Ce face-à-face
télévisé est d'autant plus important qu'il s'agit du match retour de celui de
2017, qui avait marqué un tournant, laissant Marine Le Pen sur le carreau et
propulsant Emmanuel Macron vers la victoire. Cette année, si les protagonistes
sont les mêmes, le contexte et les enjeux n'ont plus rien à voir.
C'est un président sortant qui va
se présenter sur le plateau du débat de l'entre-deux-tours. Et c'est un
paramètre déterminant pour Emmanuel Macron dont la campagne a été réduite à la
portion congrue en raison justement des nécessités de sa fonction présidentielle.
Entre 2017 à 2022, il est passé du statut de « novice » en politique à celui de
chef de l'État en fonction qui joue sa réélection et défend son bilan, que
Marine Le Pen va pouvoir attaquer. Une Marine Le Pen qui arrive plus forte
qu'il y a cinq ans, grâce à un meilleur score dans les urnes au premier tour et
des réserves de voix, mais avec le souvenir d'un débat raté en 2017 après
lequel elle a dû aller puiser dans ses réserves personnelles et politiques pour
tenter d'obtenir la réhabilitation de son image.
« La pression est sur les épaules de Marine Le Pen »
Pour l'un comme pour l'autre,
dans ce match retour, les enjeux sont plus importants. Pour Emmanuel Macron, ne
pas prendre l'ascendant contre Marine Le Pen serait plus qu'une défaite, une humiliation.
Pour Marine Le Pen, c'est peut-être la dernière occasion de crever le plafond
de verre en apparaissant aux Français à la hauteur du personnage de candidate
crédible et responsable qu'elle a tenté de créer. Une image qu'on écorne à
souhait dans le camp Macron en expliquant que « la pression est sur les épaules
de Marine Le Pen qui tease sur le fait de s'isoler pour préparer le débat ». «
C'est un moment républicain de confrontation de projets, pas seulement de
récitation de fiches », ajoute un conseiller du président-candidat.
Le ton de l'affrontement est
donné. Il sera sans concession, car les deux protagonistes jouent leur avenir
dans ce combat. Ce sont deux animaux politiques aguerris qui vont s'affronter,
un choc de personnalités qui incarnent des visions opposées de la France et
manifestent l'un vis-à-vis de l'autre de l'animosité. Lui la qualifie «
d'incompétente », elle s'en prend à un président déconnecté de la réalité des
Français.
Guerre de communication
La préparation de ce duel télévisé
a été minutieuse dans les deux camps qui ont dû s'accorder sur le décor du
plateau, le réalisateur de l'émission ou encore le choix des journalistes qui
vont arbitrer ce face-à-face. Un nom a cristallisé les oppositions, celui de la
présentatrice du journal de 20 heures de France 2, Anne-Sophie Lapix, jugée
trop hostile. Mais dans l'équipe d'Emmanuel Macron, on refuse de prendre la
responsabilité de ce rejet en déclarant : « Ce n'est pas nous qui avons fait
barrage, c'est l'équipe de Marine Le Pen ». Et d'en donner pour preuve, la
participation du président-candidat à son journal annoncée pour jeudi 21 avril.
Objectif : pointer la fébrilité de son adversaire.
La guerre de communication a
commencé dès avant le débat pour essayer de prendre l'ascendant psychologique
face à une Marine Le Pen qui doit prouver sa solidité. Emmanuel Macron, lui,
doit éviter la condescendance et l'agressivité.