Des sanctions graduelles contre la junte miliatire
dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya. Pour dénouer le dossier des 46
militaires encore détenus dans les geôles du colonel Assimi Goïta, les
présidents togolais Faure Gnassingbé, ghanéen Nana Afufo-Addo, et sénégalais
Macky Sall devraient se rendre ce mardi à Bamako. Ce sont les principales
décisions de la réunion extraordinaire de la CEDEAO, tenue ce jeudi à New York,
en marge de la 77è Assemblée générale de l’Onu.
Les
dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest
(CEDEAO) ne comptent plus les journées difficiles et les nuits
blanches qu’ils passent au chevet des transitions malienne et guinéenne, afin
de permettre aux peuples de ces pays de respirer à nouveau l’air bienfaisant de
la liberté d’expression et plus généralement, de la démocratie. Que ce soit en
terre africaine ou loin du continent, comme ce fut le cas ce jeudi à New York,
les têtes couronnées de l’Afrique de l’ouest mettent toutes les occasions à
profit pour donner un coup de pouce à la marche des pays de la sous-région aux
mains de colonels de l’armée.
Si la situation
au Burkina, sauf revirement spectaculaire auxquels les putschistes maliens et
guinéens ont habitué la communauté internationale, est encourageante en matière
de déroulement du chronogramme transitionnel, il n’en n’est pas de même à
Bamako et à Conakry. Dans des tons où la virulence le dispute à la mauvaise foi,
les chefs des juntes malienne et guinéenne, excellent dans l’art de la
propagande et du détricotage des relations séculaires de fraternité et de bon
voisinage qui constituent des valeurs certaines dont le continent s’est
toujours enorgueillies. Même les pompiers de bonne volonté, qui se sont succédé
dans le but d’éteindre le feu allumé et constamment entretenu par les pyromanes
en kaki, ne savent plus où donner de la tête. Certains, comme le Togolais Faure
Gnassingbé; qui s’est impliqué dans la résolution de l’affaire dite des «49
militaires ivoiriens» pris en otage par le colonel Assimi Goïta, en savent
quelque chose!
Ce sommet
extraordinaire de New York dont nombre d’observateurs attendaient des sanctions
lourdes contre le Guinéen Mamadi Doumbouya qui se raidit contre les 24 mois de
transition proposés par la CEDEAO et s’en octroie 36, montre à quel point les
chefs de l’Etat ouest-africains sont excédés par le comportement cavalier du
putschiste qui a renversé Alpha Condé, le 5 septembre 2021. Mais l’organisation
sous-régionale, qui essaie de se muer en CEDEAO des peuples et non de
dirigeants dont la plupart ne peuvent jurer d’être des démocrates vrais, aura
tenté, une fois de plus, de ramener par d’autres moyens les militaires à la
raison, car comme au Mali, les sanctions draconiennes font davantage mal aux
populations qu’à leurs bourreaux.
De même, la
CEDEAO a essayé de remettre la diplomatie au centre de la résolution de la
crise montée et grossie par la junte militaire malienne autour d’une banale
mission, certes émaillée de manquements, de militaires ivoiriens sur les rives
du Djoliba. Les militaires de Bamako ont trahi Alassane Ouattara, dira
d’ailleurs, avec son légendaire franc-parler, le Nigérien Mohamed Bazoum qui
n’a pas manqué de révéler le rôle essentiel joué par le président ivoirien dans
la levée des sanctions de la CEDEAO contre le Mali, le 3 juillet.
Depuis trois
mois maintenant, ce dimanche 10 juillet qui a vu l’arrestation des 49 soldats
ivoiriens dont trois femmes ont été libérées ce 3 septembre, est devenu
cauchemardesque pour les relations entre les deux pays frères du Mali et de la
Côte d’Ivoire. Résolument engagés dans une chasse aux sorcières qui ne dit pas
son nom, le colonel putschiste Assimi Goïta est ses lieutenants n’ont plus qu’une
obsession, celle d’échanger leur butin contre des dignitaires du régime défunt,
notamment Karim Keïta, le fils de l’ancien président Feu Ibrahim Boubacar
Keïta, l’ancien Premier ministre Boubou Cissé et l’ancien ministre Hubert
Tiéman Coulibaly.
Pourtant, les
deux affaires, en l’occurrence l’arrestation des militaires ivoiriens et l’exil
forcé des anciens caciques du pouvoir IBK, ne sont en aucun cas liées. Pire, la
jurisprudence causée par la mort d’un autre ancien Premier ministre de IBK,
Soumeylou Boubeye Maïga, pour ne pas le citer, mort dans une clinique de Bamako
alors qu’il était dans les griffes de la junte militaire malienne doit faire
réfléchir plus d’un sur le sort réservé aux «exilés» en fuite pour, comme on le
dit au Burkina, «sauver leur nez».
Pendant combien
de temps encore les colonels putschistes de Bamako et de Conakry, toujours
prêts à dégainer, au propre comme au figuré, vont-ils se mettre hors
communauté, creusant davantage les désaccords déjà profonds avec la CEDEAO et
leurs voisins? A force de tirer sur la corde, elle finit par rompre, dit
l’adage. Et pas toujours dans le sens voulu, devront se convaincre les hommes
forts de la Guinée et du Mali, entrés par effraction sur la scène politique.
WS