Mali et Guinée: que peuvent les sanctions contre les putschistes?

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  • 23 septembre 2022 09:17

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Des sanctions graduelles contre la junte miliatire dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya. Pour dénouer le dossier des 46 militaires encore détenus dans les geôles du colonel Assimi Goïta, les présidents togolais Faure Gnassingbé, ghanéen Nana Afufo-Addo, et sénégalais Macky Sall devraient se rendre ce mardi à Bamako. Ce sont les principales décisions de la réunion extraordinaire de la CEDEAO, tenue ce jeudi à New York, en marge de la 77è Assemblée générale de l’Onu.

Les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) ne comptent plus les journées difficiles et les nuits blanches qu’ils passent au chevet des transitions malienne et guinéenne, afin de permettre aux peuples de ces pays de respirer à nouveau l’air bienfaisant de la liberté d’expression et plus généralement, de la démocratie. Que ce soit en terre africaine ou loin du continent, comme ce fut le cas ce jeudi à New York, les têtes couronnées de l’Afrique de l’ouest mettent toutes les occasions à profit pour donner un coup de pouce à la marche des pays de la sous-région aux mains de colonels de l’armée.

Si la situation au Burkina, sauf revirement spectaculaire auxquels les putschistes maliens et guinéens ont habitué la communauté internationale, est encourageante en matière de déroulement du chronogramme transitionnel, il n’en n’est pas de même à Bamako et à Conakry. Dans des tons où la virulence le dispute à la mauvaise foi, les chefs des juntes malienne et guinéenne, excellent dans l’art de la propagande et du détricotage des relations séculaires de fraternité et de bon voisinage qui constituent des valeurs certaines dont le continent s’est toujours enorgueillies. Même les pompiers de bonne volonté, qui se sont succédé dans le but d’éteindre le feu allumé et constamment entretenu par les pyromanes en kaki, ne savent plus où donner de la tête. Certains, comme le Togolais Faure Gnassingbé; qui s’est impliqué dans la résolution de l’affaire dite des «49 militaires ivoiriens» pris en otage par le colonel Assimi Goïta, en savent quelque chose!

Ce sommet extraordinaire de New York dont nombre d’observateurs attendaient des sanctions lourdes contre le Guinéen Mamadi Doumbouya qui se raidit contre les 24 mois de transition proposés par la CEDEAO et s’en octroie 36, montre à quel point les chefs de l’Etat ouest-africains sont excédés par le comportement cavalier du putschiste qui a renversé Alpha Condé, le 5 septembre 2021. Mais l’organisation sous-régionale, qui essaie de se muer en CEDEAO des peuples et non de dirigeants dont la plupart ne peuvent jurer d’être des démocrates vrais, aura tenté, une fois de plus, de ramener par d’autres moyens les militaires à la raison, car comme au Mali, les sanctions draconiennes font davantage mal aux populations qu’à leurs bourreaux.

De même, la CEDEAO a essayé de remettre la diplomatie au centre de la résolution de la crise montée et grossie par la junte militaire malienne autour d’une banale mission, certes émaillée de manquements, de militaires ivoiriens sur les rives du Djoliba. Les militaires de Bamako ont trahi Alassane Ouattara, dira d’ailleurs, avec son légendaire franc-parler, le Nigérien Mohamed Bazoum qui n’a pas manqué de révéler le rôle essentiel joué par le président ivoirien dans la levée des sanctions de la CEDEAO contre le Mali, le 3 juillet.

Depuis trois mois maintenant, ce dimanche 10 juillet qui a vu l’arrestation des 49 soldats ivoiriens dont trois femmes ont été libérées ce 3 septembre, est devenu cauchemardesque pour les relations entre les deux pays frères du Mali et de la Côte d’Ivoire. Résolument engagés dans une chasse aux sorcières qui ne dit pas son nom, le colonel putschiste Assimi Goïta est ses lieutenants n’ont plus qu’une obsession, celle d’échanger leur butin contre des dignitaires du régime défunt, notamment Karim Keïta, le fils de l’ancien président Feu Ibrahim Boubacar Keïta, l’ancien Premier ministre Boubou Cissé et l’ancien ministre Hubert Tiéman Coulibaly.

Pourtant, les deux affaires, en l’occurrence l’arrestation des militaires ivoiriens et l’exil forcé des anciens caciques du pouvoir IBK, ne sont en aucun cas liées. Pire, la jurisprudence causée par la mort d’un autre ancien Premier ministre de IBK, Soumeylou Boubeye Maïga, pour ne pas le citer, mort dans une clinique de Bamako alors qu’il était dans les griffes de la junte militaire malienne doit faire réfléchir plus d’un sur le sort réservé aux «exilés» en fuite pour, comme on le dit au Burkina, «sauver leur nez».

Pendant combien de temps encore les colonels putschistes de Bamako et de Conakry, toujours prêts à dégainer, au propre comme au figuré, vont-ils se mettre hors communauté, creusant davantage les désaccords déjà profonds avec la CEDEAO et leurs voisins? A force de tirer sur la corde, elle finit par rompre, dit l’adage. Et pas toujours dans le sens voulu, devront se convaincre les hommes forts de la Guinée et du Mali, entrés par effraction sur la scène politique.

WS

 

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