Réunis ce dimanche 12 décembre en sommet ordinaire à Abuja, au Nigeria,
les chefs d’États de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest
(Cédéao) ont, sur la situation du Mali, exigé à l’unanimité le maintien des
élections pour le 27 février prochain. L’organisation sous-régionale menace de
se prononcer sur de nouvelles sanctions en janvier 2022 si la situation
n'évolue pas. Ces conclusions étaient très attendues à Bamako et font réagir
les partis politiques.
Dimanche 12 décembre, la Cédéao, qui a suspendu le Mali de ses instances, continue
de maintenir la pression sur le pays, sans toutefois prononcer un nouveau
régime de sanction. Les neufs chefs d'États présents ont affiché leur unité et
leur fermeté, rapporte Serge Daniel, envoyé spécial à Abuja. « Ils
ont souhaité qu'au plus tard fin décembre 2021, on puisse avoir des actions
encore plus précises et concrètes qui soient réalisées et qui montrent que nous
sommes dans une dynamique d'avoir des élections en février 2022 », a
déclaré Jean-Claude Kassi Brou, le président de la Cédéao.
Déjà sous sanction individuelles
mais aussi institutionnelles – le siège du M ali à la réunion est resté
par exemple vide –, Bamako s’expose à des sanctions additionnelles « début
janvier 2022 » si les lignes ne bougent pas, ajoute par ailleurs le
président de la Commission. Un avertissement mais pas de sanction ; une
décision qui relève du pragmatisme pour Jeanmille Bittar, porte-parole du
Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) et proche
des autorités actuelles.
« Les autorités et la Cédéao
savent qu’à partir de janvier, elles auront un chronogramme, explique-t-il
à Kaourou Magassa, notre correspondant à Bamako. Et si elles décident de
durcir le ton en janvier, ça risque d’aller à la casse. C’est comme en Guinée,
nous sommes dans une logique de reconstruction. Si cette Cédéao veut aider le
Mali, on doit multiplier les efforts pour rétablir la sécurité. »
« Amorcer le retour vers un
ordre constitutionnel »
Le M5-RPF prône un prolongement
de la transition. À l’inverse, Amadou Koïta, président du Parti socialiste et
membre du regroupement des partis politiques pour une transition réussie,
réclame le respect des engagements du pays et des élections en février. Il
« demande au président de la transition de tout mettre en œuvre pour ne
pas aggraver la situation actuelle et amorcer le retour vers un ordre
constitutionnel ».
Pour Amadou Koïta, le pays
est déjà sanctionné par la gravité de la crise sécuritaire et le
nombre de victimes qui en découle : « Si d’autres sanctions
s’ajoutent, le pays sera dans une situation apocalyptique. »
Une délégation de la Cédéao se rendra en principe bientôt à Bamako pour faire officiellement passer les messages annoncés dimanche.