Au Mali, après l’adoption du plan d’action gouvernemental, lundi soir lors d’un votre du Conseil national de transition, la polémique reste ouverte sur les intentions du Premier ministre quant à la date des futures élections. Répondant aux questions qui lui étaient posées par les membres du CNT, qui fait actuellement office d’assemblée législative, Choguel Maïga a voulu rassurer. Mais il n’y est qu’à moitié parvenu.
Avec
102 voix pour, deux voix contre et neuf abstentions : le plan d’action
gouvernemental proposé par le Premier ministre malien de transition a été
adopté lundi soir à Bamako. Les membres du Conseil national de transition l’ont
largement approuvé après une session marathon de débats qui a duré plus de dix
heures.
Toute
la journée ce mardi, les membres du CNT, qui fait actuellement office
d’assemblée législative, ont interrogé le chef du gouvernement sur son
programme. Il a apporté une série de précisions.
Les
éclaircissements du Premier ministre
Sur
le point le plus attendu, la date des futures élections qui doivent marquer le
retour à l’ordre constitutionnel, Choguel Maïga s’est montré très clair : « le
chronogramme des élections générales a été déjà publié en avril, a-t-il
déclaré, ce chronogramme sera maintenu. » Comprendre : un premier tour couplé
présidentielle-législatives le 27 février prochain, les seconds tours
respectifs les 13 et 20 mars, comme annoncé par son prédécesseur à la Primature
Moctar Ouane. Une réponse sans ambiguïté à tous ceux qui lui prêtent
l’intention de vouloir allonger la durée de la Transition. Dont acte.
Sur
la mise en place de l’organe unique de gestion des élections ensuite, certains
s’inquiètent du coût et du temps que nécessitera cette réforme. Réponse de
Choguel Maïga : cet organe unique, réclamé de longue date par les partis
politiques maliens, « a pour objectif de minimiser les contestations
électorales et de réduire le coût des élections ».
Le
chef du gouvernement a aussi justifié la nécessité des négociations en cours
avec les syndicats, notamment enseignants, afin d’éviter « un nouveau cycle d’instabilité
».
Enfin,
à ceux qui estiment que les Assises de la refondation, annoncées par le Premier
ministre pour préparer les futures réformes institutionnelles, ne seront qu’une
redite des nombreuses concertations nationales qui ont déjà eu lieu, Choguel
Maïga répond légitimité et redevabilité : « celui qui viendra à la tête du pays
après les Assises, veut croire le Premier ministre, ne pourra plus agir comme
s’il avait acheté les Maliens au marché. »
A-t-il
pour autant rassuré ?
Fin
de la polémique ? Pas vraiment. Brahima Fomba est politologue et professeur de
droit public à la faculté de Bamako. Il relève une autre réponse du chef du
gouvernement.
« Il
répondait à la question du budget qui paraît énorme. Il avait dit que ce budget
est prévu pour neuf mois. Mais comment neuf mois ? En réalité, nous sommes à
sept mois de la fin constitutionnelle de la transition qui est de dix-huit
mois. Donc le budget ne peut pas être de plus de sept mois sauf si
implicitement le gouvernement voulait le prolonger. Neuf mois, ça nous conduit
à mars-avril. »
Faut-il
écouter une réponse du Premier ministre plutôt qu’une autre ? Les neuf mois
évoqués par Choguel Maïga tiennent-ils compte des presque deux mois déjà
écoulés depuis sa nomination à la Primature ? Ou doit-on comprendre qu’une
partie du budget de ce plan d’action sera laissé aux futures autorités, celles
qui seront légitimement élues lors des futures élections ?
En
tout état de cause, le plan proposé a été très largement validé par le Conseil
national de transition. Les actions à venir du gouvernement constitueront la
meilleure manière de mettre un terme au débat.
Avec Rfi