Pendant que des images circulent sur les réseaux sociaux, accusant les
militaires maliens d’être responsables de tuerie massive des populations du
cercle de Niono, ce que rejette formellement l’état-major de l’armée malienne,
les forces de défense font le deuil, selon un bilan provisoire, de 27 des leurs
tombées dans une attaque terroriste qualifiée de «complexe», ce vendredi,
contre le camp de Mondoro, dans le centre-est du pays. Malgré la bravoure des
Forces de défense et de sécurité (FDS) qui ont réussi à anéantir 47 assaillants
dont des chefs djihadistes, l’heure est à l’inquiétude au sein des populations
qui se sont réunies ce dimanche pour manifester leur soutien total aux
militaires. Dans le même temps, les populations n’ont pas manqué de pointer
du doigt les «autorités» qui ont manqué de célérité dans la réaction contre
l’assaut qui, en plus des morts, a fait 33 militaires blessés dont 21
grièvement, toujours selon la comptabilité macabre provisoire.
Un deuil national de trois jours
dont se serait peut-être passée une population de Mondoro et une armée malienne
si les services de renseignement avaient fonctionné et que les militaires au
lieu de se trouver dans une posture défensive étaient plutôt les attaquants. La
meilleure défense, c’est l’attaque. La règle est universelle, et comme au
football, ne saurait changer dans la stratégie militaire. Et comme il fallait
s’y attendre, les terroristes ne pouvaient que profiter de ce battement entre
le départ des soldats de la Force française Barkhane et une réorganisation
efficace d’une armée malienne, qui, à l’instar de ses homologues du Sahel et du
reste de la sous-région ne saurait mener cette guerre asymétrique.
Certes, le professionnalisme et
le patriotisme constituent la sève qui nourrit les troupes au front, mais ces
valeurs sont loin, à elles seules, de mettre en déroute, des hommes sans foi ni
loi. Le renforcement des services de renseignement, et un plus dans les
équipements, notamment aériens, ne peuvent que booster les résultats des FDS
nationales dans cette lutte anti-terroriste qui décime les populations et
anéantissent toutes les initiatives de développement.
Certes, «dormir sur la natte
d’autrui, c’est dormir par terre», comme le dit l’adage bien africain, mais ce
combat contre le terrorisme ne peut être mené, et le cas échéant gagné que dans
une synergie d’actions entre les forces armées nationales. Et même si la
défense du territoire national et la sécurité des biens et des citoyens sont
des domaines éminemment souverains, l’appui venant d’Etats partenaires bien
précis, soutien basé sur des relations entre pays dans les règles de l’art ne
peut qu’être salutaire. Et de plus en plus, nombre de pays conscients de cette
insuffisance en matière militaire, apprécient à sa juste valeur, ce partenariat
d’Etat à Etat, qui pourrait être renforcé par une force européenne et l’apport
classique des Etats-Unis dans les secteurs de formation des militaires et
l’appui en logistique aérienne. Et c’est la nouvelle mission que s’assigne
Barkhane dans son redéploiement dans le Sahel dans son engagement dans la lutte
contre le terrorisme.
WS