Au fur et à mesure que les menaces en faveur d’une éventuelle reprise des manifestations de rue contre la gestion « unilatérale » de la transition par la junte, se précisent, on assiste à une dissonance des voix au sein du bloc des forces vives. En effet, contrairement à ceux qui ont décidé de se déprendre du CNRD, en adoptant une posture guerrière, certains leaders politiques font dans la nuance. En prêchant pour la désescalade. C’est le cas de Lansana Kouyaté et du Dr Ousmane Kaba, qui appellent leurs pairs à savoir raison garder. Pour ne pas parasiter la transition.
La tension couve au sein du landerneau politique, où des
partis politiques et une frange de la société civile se sentent de plus en plus
à l’étroit. Ce climat entretenu par le manque de dialogue entre les autorités
de la transition et les forces vives pourrait porter un coup à la bonne marche
de la transition, si jamais le gouvernement ne lâche pas du lest.
Lâcher du lest dans cette épreuve de force qui se dessine,
n’aurait d’autres significations que de satisfaire aux deux préoccupations du
moment de la classe politique et du FNDC, relatives au chronogramme de la
transition et à la liste des membres du CNRD.
Cette entité qui a l’air d’une ombre chinoise, dont le seul
visage connu officiellement serait le colonel Mamadi Doumbouya.
Maints observateurs pensent que réclamer un chronogramme de
la transition et une liste nominative des éléments de l’organe suprême de la
transition, n’est pas demander la lune au CNRD.
Cellou Dalein Diallo et ses pairs seraient donc dans leur
droit, en tant que forces vives, selon les adeptes de cette thèse. Sauf que,
faire de ces exigences une arme de chantage à la manifestation de rue, ne
serait pas partagé par toute la classe politique.
C’est le cas notamment des leaders du PEDN et du PADES,
ainsi que d’autres menus fretins du marigot politique. Qui, tout en se
désolidarisant de cette démarche, invitent à la tiédeur dans les discours.
Aussi bien de leurs collègues, que celui du FNDC. Mouvement hétéroclite dont
les récentes sorties font planer le spectre de confrontations entre la junte et
les forces vives. De quoi provoquer la psychose chez de nombreux citoyens, qui
ont encore en mémoire ces scénarii apocalyptiques, de scènes de violences dans
les rues de la capitale, sous Alpha Condé.
En attendant que ces menaces soient mises en exécution, il
va sans dire que cette fissure des forces vives apportera de l’eau au moulin de
la junte. Elle en aura d’ailleurs grand besoin, pour mener à bien le navire à
bon port.
Mamadou Dian Baldé