Le Mali demeure donc sous la chape des sanctions à lui imposées par la
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Du sommet de
l’organisation sous régionale, tenu ce vendredi à Accra, n’est pas sortie la
fumée blanche espérée par ceux qui croyaient que l’heure avait sonné pour la
levée ou tout au moins l’allègement des mesures prises à l’encontre de Bamako.
L’optimisme était de mise, suite à l’invitation du colonel Assimi Goïta par ses
pairs de la sous-région, qui avaient certainement besoin de parler de vive voix
avec le chef de la junte et le cas échéant être rassurés sur une nouvelle
échéance raisonnable de la durée de la transition malienne.
Surtout que des sources, certes,
non officielles, évoquaient une baisse conséquente des prétentions des maîtres
de Bamako qui auraient ramené, de cinq à quatre, puis à deux, le deadline
qu’ils s’étaient fixé pour mener à bout cette transition qui dure depuis
presque deux années maintenant. De même, la décision rendue, la veille, par la
cour de justice de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui
demande la suspension des sanctions économiques et financières contre le Mali a
semé dans les esprits, l’espoir que tout pouvait se passer à Accra. Mais la
situation du malade Mali n’a guère évolué.
N’ayant pas eu un interlocuteur
valable en face, le colonel ayant refusé d’aller à Canossa en se rendant à
Accra, le Ghanéen Nana Akufo-Addo, président en exercice de la CEDEAO et
ses homologues, ont, sans doute, tablé sur les discussions entre les autorités
de la transition malienne et le médiateur Goodluck Jonathan, lors du dernier
séjour de celui-ci sur les rives du Djoliba. Faut-il donc regretter l’absence
du colonel putschiste à Accra pour défendre son dossier où jeter une fois de
plus, la pierre à la CEDEAO qui aurait pu se surpasser, en tenant compte des
souffrances du peuple malien et des pays voisins qui commercent avec le Mali?
Mais l’orgueil exacerbé a prévalu
d’un côté et le respect des normes qui régissent et régulent la vie d’une
institution qui porte les intérêts des nations a pris le pas sur la clémence.
Pourtant, ce bras-de-fer entre des militaires qui oublient qu’ils sont entrés
par effraction au palais de Koulouba et une CEDEAO qui semble perdre de vue que
les sanctions contre le pouvoir kaki fait plus de mal aux peuples, n’a que trop
duré. Si Assimi Goïta savait, si CEDEAO pouvait!
La Guinée et le Burkina Faso,
actuellement dirigés par des militaires qui ont fait irruption sur la scène politique,
ne sont pas moins des cibles de choix pour la CEDEAO qui ne laisse aucun répit
aux putschistes. Ce n’est certainement pas de gaîté de cœur que les censeurs
des coups d’Etat mettent la Guinée en garde, afin que le colonel Mahamadi
Doumbouya soit précis sur le délai de la transition guinéenne. Dans le même
temps la CEDEAO ne se réjouit pas de son acte, en plaçant le curseur sur le
Burkina Faso, qui, malgré ses efforts pour aller vite à un retour d’une vie
constitutionnelle, est appelé à revoir à la baisse, la durée de sa transition
de 36 mois. La pression est donc mise sur les putschistes maliens, guinéens et
burkinabè, qui ne manquent pas de soutien au sein de peuples qui n’en mènent
pas large avec des présidents élus qui leur font vivre l’enfer sur terre.
Mais tant que les coups d’Etat ne
constituent pas une voie de prise de pouvoir inscrite dans les lois
fondamentales, les putschistes, bien qu’applaudis dans certains cas par le
peuple, comme paradoxalement…au Mali, en Guinée et au Burkina, ne peuvent que
trouver en face, condamnations et sanctions.
W S