A l’issue de son récent sommet extraordinaire qui s’est tenu à Accra au Ghana, la conférence des chefs d’Etat de la Cédéao n’a pas fait dans la dentelle, dans sa diatribe contre la junte guinéenne. Entre « absence de visibilité sur la transition et le peu de progrès réalisés dans le processus », sur fond d’une dégradation de la situation sociopolitique due au manque de dialogue, la tirade de la Cédéao ne manque pas de piquants. En ce sens que la conférence des chefs d’Etat, d’un air brusque, est allée jusqu’à fixer un ultimatum à la junte, pour se mettre dans les clous. Au risque de subir son courroux. De quoi troubler la joie du CNRD, qui ne s’attendait pas à de telles remontrances de la part d’une organisation régionale, qui avait jusqu’ici était soupçonnée de faire preuve d’une indulgence coupable à l’égard des autorités de la transition.
La Cédéao, vient de changer de braquet dans la gestion de la
crise guinéenne. Fini les subtilités diplomatiques, et place désormais à la
fermeté.
C’est du moins ce que révèlent les conclusions de la
grand-messe des chefs d’Etat de la Cédéao, qui s’est déroulée la semaine
dernière dans la capitale ghanéenne. Ainsi, dans ce billard à trois bandes,
après avoir potassé les dossiers relatifs aux transitions du Burkina Faso et du
Mali, Nana Akufo-Addo et ses pairs ont passé la junte guinéenne sur le grill.
Dans son chapelet de remarques corrosives, la conférence des
chefs d’Etat relève entre autres « l’absence de visibilité sur la
transition, le non-respect du délai de six mois fixé par la cédéao pour la
tenue des élections, et la dégradation de la situation sociopolitique du fait
de l’insuffisance de dialogue entre le gouvernement, la société civile et les
acteurs politiques ».
Des impairs qui auraient mis l’institution dans tous ses
états. De quoi justifier cette soufflante, passée à la junte. Qui a dorénavant
jusqu’au 25 avril, pour dévoiler un chronogramme acceptable de la transition.
Passé ce délai, des sanctions économiques et financières pourraient ainsi lui
être infligées.
Les chefs d’Etat insistent également sur la nécessité
urgente de nommer un facilitateur pour arrondir les angles, en termes de
dialogue entre les parties prenantes au processus. Sans oublier « l’inclusivité
du dialogue pour réduire les tensions dans le pays. »
Cette réaction empreinte de paternalisme de la Cédéao n’a
pas l’air d’être du goût du gouvernement guinéen. Si l’on s’en tient en tout
cas à la réplique de son porte-parole Ousmane « Gaoual » Diallo, qui dans un
entretien à Guineenews, balaie d’un revers de manche les allégations de
l’organisation régionale. Tout en restant stoïque face aux éventuelles
sanctions qui pourraient frapper la Guinée.
Mamadou Dian Baldé