Au Mali, va-t-on vers un report des élections ? Le 23 janvier, le
ministre malien de l'Administration territoriale, le colonel Abdoulaye Maïga, a
présidé le Comité de pilotage du référendum et des élections générales. La
réunion s'est tenue au siège de la toute nouvelle Autorité indépendante de
gestion des élections (Aige), installée il y a tout juste deux semaines. Cette
réunion a été l'occasion d'afficher la volonté gouvernementale d'organiser des
élections, mais aussi de préparer l'opinion à un éventuel report.
« Les élections auront lieu, le retour à
l'ordre constitutionnel demeure une vision cardinale. » Le colonel
Abdoulaye Maïga, ministre de l'Administration territoriale, est en revanche
moins catégorique sur le respect du calendrier annoncé par les autorités de
transition et validé par la Cédéao après de longues négociations qui avaient
permis en juillet 2022 la levée des sanctions qui frappaient le pays.
« Le chronogramme est un
document de planification [...] S'il y a des modifications ou des annonces à
faire », a également déclaré le ministre devant la presse locale à
l'occasion de cette réunion, ce sera au terme d'échanges avec « les plus
hautes autorités » et avec la nouvelle Autorité indépendante de gestion
des élections (Aige).
« Énormes difficultés »
Le président de l'Aige, maître
Moustapha Cissé, a quant à lui énuméré les « énormes difficultés »
auxquelles il est justement confronté : « Contraintes de temps, de
sécurisation du territoire, et d'autres questions en cours de traitement comme
l'utilisation de la carte d'identité biométrique, le vote des forces de
sécurité et celui des déplacés. »
Pour certains, ces déclarations
visent à préparer l'opinion à un éventuel report des élections. « La junte
s'achemine vers un report, estime Ismaël Sacko, président du PSDA et
vice-président de la plateforme d'opposition Jigiya Koura. Mais ils
veulent que d'autres le disent pour ne pas être accusés de ne pas avoir tenu
leurs engagements ».
Le référendum constitutionnel est
programmé en mars 2023, la présidentielle devant marquer la fin de la période
de Transition, en février 2024, dans un peu plus d'un an. Entre les deux sont
également prévues des élections territoriales et des législatives.
Un calendrier officiel
intenable ?
« Les démembrements de
l'Aige dans les régions doivent être prêts six mois avant les élections, or ils
ne sont toujours pas en place », explique Ibrahima Sangho, président de
l'Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali. Avant
de développer une longue liste d'arguments techniques et législatifs rendant,
selon cet expert des processus électoraux, le calendrier officiel intenable.
Sollicités par RFI, l'Aige et le
ministère de l'Administration territoriale n'ont pas donné suite.
La semaine dernière, à l'occasion
de l'anniversaire de l'armée nationale, le président malien de Transition, le
colonel Assimi Goïta, a annoncé la création d'une nouvelle opération
d'envergure baptisée « Tilé Koura », qui « s’inscrira dans la
dynamique de sécurisation de la tenue du référendum ainsi que des élections
générales à venir ». Sans préciser de date.