L’accueillira ou ne l’accueillira pas? L’arrêtera ou ne l’arrêtera pas?
Les interrogations se multiplient sur le cas Vladimir Poutine qui doit se
rendre en Afrique du sud en août. En effet, alors que l’Afrique du Sud
s’apprête à abriter, fin août prochain, à Johannesburg, un sommet important des
Brics, la Cour pénale internationale dont le pays de Mandela est membre, a émis
un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine qui a lancé une guerre affreuse
contre l’Ukraine. «Voilà affaire sur mollet de serpent», comme on le dirait à
Yopougon, quartier populaire d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. En tout cas,
l’Afrique du sud, partenaire devant l’Eternel de la Russie, ne devrait même
pas être embarrassée par ce mandat de la CPI, car il ne viendra, même pas en
rêve, à l’idée des autorités sud-africaines de ferrer ce gros poisson venu de
Moscou, pour le livrer à l’institution juridique, plutôt célèbre dans le
jugement des dirigeants et leaders politiques africains.
Comme on le dirait, toujours dans
la rue à Abidjan, «zyeux connaît bagage qui est lourd pour la tête»! En clair,
ce n’est pas tout le monde qu’on peut attraper pour faire plaisir au président
de la Cour internationale, Piotr Hofmanski! Du reste, avec le précédent de
l’ancien chef de l’Etat soudanais, Omar el-Béchir, l’homme froid du Kremlin
peut se rendre à Joburg dans la plus grande sérénité. En effet, Omar
el-Béchir était retourné tranquillement chez lui, mi-juin 2015, après avoir
pris part, en Afrique du sud, au sommet de l’Union africaine, alors qu’il avait
sur sa tête l’épée de Damoclès de la CPI qui avait lancé un mandat d’arrêt
contre lui. Il ne faut pas s’y méprendre, le souhait de tous, bien évidemment
de Wakat Séra, est que cette guerre ignoble en Ukraine prenne fin pour le
bonheur de la planète, y compris des Russes qui n’en sont pas moins maudits par
les Africains, le continent noir éprouvant de sérieuses difficultés à
s’approvisionner en certains produits comme, pour ne citer que ceux-là, les
engrais et le blé. En tout cas, «tout est cher à cause de la guerre en
Ukraine»! C’est la rengaine la mieux connue sur tous les marchés africains par
les commerçants.
Les questions qui se posent
autour du séjour de Vladimir Poutine à Johannesburg, ressemblent davantage à
des moyens de pression sur l’Afrique du sud. Le poids des Brics qui rassemblent
le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du sud, suffit à lui seul
pour dissuader contre toute action allant dans le sens de prendre Poutine par
le collet pour le remettre à la CPI. Même si jusqu’à présent, la juridiction
n’a jeté son filet surtout que dans les eaux africaines d’où elle a pu recevoir
des colis comme ceux de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et du leader
politique congolais Jean-Pierre Bemba, tout porte à croire que la pêche, qui
prendra des allures de «piège en haute mer», sera trop risquée, pour ne pas
dire impossible pour elle, en ce qui concerne Vladimir Poutine. Du reste,
Pretoria étudie minutieusement le dossier, dans une ambiance chaude de
confrontation entre ceux qui demandent au pays de refuser d’accueillir le
patron du Kremlin et les partisans du retrait pur et simple de l’Afrique du sud
du Traité de Rome.
Comme quoi, la formule «nul n’est
au-dessus de la loi peut avoir ses limites. «Plaisante justice qu’une rivière
borne. Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà», ont affirmé,
péremptoirement, Les Pensées de Blaise Pascal. Sauf tsunami, le chef
du Kremlin se rendra donc au sommet des Brics et quittera Joburg sans être
inquiété! Tout le reste risque de n’être qu’élucubrations de salon et menaces
sans suite. «Les moutons se promènent ensemble, mais n’ont pas le même prix»,
comme le dit le proverbe africain, sans doute bien connu par Cyril Ramaphosa!