Lorsqu’un jour de l’année 2014, un observateur averti s’est retrouvé du
côté de Kérouané et Beyla, quand les blocs 1 et 2 étaient encore dans une
procédure contentieuse et que Rio Tinto poursuivait sa campagne d’exploration
sur le Simandou Sud (blocs 3 et 4), il avait été frappé par l’extrême pauvreté
dans certaines localités éparpillées dans cette région.
Loin du visage que présente une
ville comme Conakry, en dépit de tous les problèmes d’urbanisme dans la
capitale, ces zones éloignées semblaient quasiment à l’abandon, exception faite
d’une route bitumée en construction entre Nzérékoré et Beyla (achevée depuis).
La piste passant par le flanc
gauche de la montagne, entre Kérouané et Beyla, était désastreuse, voire
dangereuse à certains endroits, surtout après une journée de pluie. C’était à
l’époque où les habitants de Kérouané et Beyla appelaient de tous leurs vœux le
début de développement de ce mégaprojet-phare de Simandou, qu’ils voient tous
comme une véritable bouée d’espoir.
La situation était d’autant plus
incompréhensible que le principal obstacle à l’exploitation de ce gisement de
classe mondiale était connu : les infrastructures d’évacuation du minerai de
fer (chemin de fer et port en eau profonde).
Les différents gouvernements qui
se sont succédé ont tous connu la même rengaine : des manœuvres en coulisses,
des chausse-trappes dans les conventions qu’il fallait toujours faire valider
par des cabinets d’avocats de renommée mondiale, des promesses à ne plus finir,
une activité temporaire sur les différents sites pour faire bonne impression,
des baisses du cours du minerai de fer comme en 2013-2014, mais jamais un
gramme de fer destiné à l’exportation n’est sorti des flancs de la fameuse
montagne installée en territoire guinéen.
La situation était d’autant plus
incompréhensible que les mêmes grands groupes miniers qui exploitaient des
mines de fer ailleurs étaient présents en Guinée, bénéficiaient de concession
et de convention ratifiées, sans parvenir à faire exactement ce qu’ils font en
Australie, au Brésil, en Chine, etc…
Pendant 25 ans les choses ont
traîné, jusqu’à la fin de l’année 2019 où la donne a changé avec des travaux
d’envergure initiés par un nouveau venu (WCS) – soutenu par des groupes
chino-singapouriens – résolu à s’affranchir des circuits d’approvisionnement du
côté de Canberra en jetant son dévolu sur le potentiel guinéen.
Il a fallu, en mars et en juillet
2022, trouver des astuces pour freiner cette dynamique positive, avec des
ordres d’arrêt des travaux, sans aucune garantie ferme sur le redémarrage
effectif des travaux qui devaient injecter au bas mot 15 milliards USD dans ce
projet stratégique et employer à terme plus de 45000 personnes.
Il faudra bien un jour enquêter
pour comprendre les motivations réelles d’une telle attitude. Car celles qui
sont brandies si fièrement pour la
justifier ont vraiment du mal à convaincre les vrais experts du secteur minier qui,
eux, comprennent les enjeux liés au développement d’un pays pauvre comme la
République de Guinée. Aux dernières nouvelles, des menaces de chute du minerai de fer pèsent sur l’activité, avec
des dizaines de millions d’appartements construits en Chine, qui ne trouvent
pas encore preneur, depuis des années. Un très mauvais signe…
Source : Westaf Mining