La Secrétaire d’Etat américaine au Trésor, Janet Yellen, a entamé, le
18 janvier dernier, une mini-tournée africaine qui la mènera au Sénégal, en
Zambie et en Afrique du Sud. Une visite qui intervient seulement quelques
semaines après la tenue, à Washington, du sommet Etats-Unis # Afrique organisé
par le président Joe Biden, à l’effet de réaffirmer tout l’intérêt des
Etats-Unis pour le continent noir qui n’a pas bénéficié des mêmes égards sous
la présidence de son prédécesseur, Donald Trump. Et cela est un euphémisme.
Car, c’est à peine si l’iconoclaste président républicain n’avait pas du mépris
pour le continent africain qu’il considérait comme un conglomérat de « pays de
merde », donc sans grand intérêt. C’est donc en toute logique que le 45e
président américain snobera le berceau de l’humanité où il n’a pas daigné
mettre les pieds même une seule fois durant tout son règne, allant même jusqu’à
réviser, en cours de mandat, certains partenariats commerciaux initiés par ses
prédécesseurs, comme par exemple l’AGOA (African Growth and Opportunity Act)
qui favorisait l’accès libre de certains produits africains, au marché
américain.
Tout porte à croire qu’avec cette tournée de la secrétaire d’Etat au
Trésor, Washington est dans une sorte d’opération de rattrapage sur le
continent noir
C’est dire si pour Donald Trump,
l’Afrique n’était pas une priorité nonobstant le fait que le continent noir
faisait l’objet de convoitises de la part de nombreuses autres puissances occidentales,
asiatiques voire d’autres continents. Une cécité politique du locataire d’alors
de la Maison Blanche, que mettront à profit d’autres partenaires comme la Chine
et la Russie, pour prendre un peu plus d’importance sur le continent africain.
Tout porte donc à croire qu’avec cette tournée de la secrétaire d’Etat
américaine au Trésor, au lendemain du sommet Etats-Unis # Afrique de l’année
dernière, Washington est dans une sorte d’opération de rattrapage sur un
continent qui ne manque pas d’intérêt politique, économique et géostratégique.
Autrement dit, si l’objectif de cette tournée de la « Madame Dollar » de la
Maison Blanche, est de renforcer les liens de coopération économique des
Etats-Unis d’Amérique avec l’Afrique, elle peut tout aussi bien passer pour une
façon voire une volonté, pour Washington, de contrer l’influence grandissante
de puissances rivales comme la Russie, et surtout la Chine qui apparaît
aujourd’hui comme le premier partenaire commercial d’un continent aux énormes
potentialités. Un marquage à la culotte, qui traduit tout l’intérêt du pays de
l’Oncle Sam pour le continent noir et sa volonté de se rapprocher d’un
partenaire qui apparaît, aujourd’hui plus que jamais, comme une belle
demoiselle à des nombreux courtisans. C’est dire combien l’Afrique est devenue
aujourd’hui, le terrain de rivalités des grandes puissances sur bien des plans.
Il appartient à l’Afrique de
savoir transformer à son avantage toutes ces opportunités de coopération
bilatérale
C’est dire aussi si à l’image de
ses homologues d’autres grandes nations, ce sont les intérêts qui guident les
pas de Janet Yellen au Sénégal, en Zambie et en Afrique du Sud où il sera
question de coopération économique, dans un contexte de renchérissement du coût
de la vie lié aux effets induits de la guerre en Ukraine et surtout au poids de
la dette qui empêche aussi le développement de l’Afrique. Tout comme les mêmes
intérêts ont pu guider les pas du nouveau chef de la diplomatie chinoise, Qin
Gang, en Afrique où il s’est rendu, du 9 au 16 janvier dernier, en Ethiopie, au
Gabon, en Angola, au Bénin et en Egypte, pour ce qui constituait sa toute
première sortie à l’étranger. C’est dire toute l’importance de l’Afrique aux
yeux de ces puissances qui sont engagées dans une sorte de chassé-croisé qui ne
dit pas son nom, au nom des mêmes intérêts. A Dakar, Janet Yellen
s’entretiendra avec le président Macky Sall, par ailleurs président en exercice
de l’Union africaine (UA), avant de poursuivre sa tournée à Lusaka où elle sera
l’hôte du président Hakainde Hichilema qui s’est fixé pour objectif de
renforcer la crédibilité financière de la Zambie. Et cela, après avoir hérité
de son prédécesseur, Edgar Lungu, un pays fortement endetté et à l’économie
exsangue. La dernière étape de son
périple africain conduira Janet Yellen en Afrique du Sud où il est prévu une
rencontre avec son homologue sud-africain, ainsi que d’autres personnalités de
la haute finance. En tout état de cause, il appartient à l’Afrique de savoir transformer
à son avantage toutes ces opportunités de coopération bilatérale pour booster
son économie et prétendre à l’émergence économique qu’elle envie tant aux
nations qui ont su jusque-là tirer leur épingle du jeu. C’est une question de
vision et d’engagement politique.
Le Pays