Mamadou Taran Diallo a-t-il voulu faire son mea-culpa ou se blanchir
aux yeux de l’opinion ? En tout cas, c’est comme si le ministre sortant de
la citoyenneté et de l’unité nationale, avait voulu saisir sa passation de
services, pour avouer sa faute : avoir mener campagne en Moyenne Guinée
pour la non-violence au détriment de la nouvelle constitution et du 3ème
mandat. Il suffit de lire entre les lignes le discours Mamadou Taran Diallo. L’éditorial
de Talibé Barry.
Les clés du ministère de la
Citoyenneté et de l’Unité nationale ont officiellement changé de détenteur ce
mercredi. Passant des mains de Mamadou Taran Diallo à celles de Dr Zalikatou
Diallo. Tel le dernier Mohican, le célèbre ni-confirmé ni-limogé du
gouvernement guinéen, se libère complètement d’une longue prise d’otage. Sans
doute la plus longue ''séquestration'' vécue par un membre du gouvernement.
On ne se risquerait pas à parler
d’heureuse libération ni même de soulagement pour Mamadou Taran Diallo. C’est
tout de même une douloureuse page qui se tourne pour celui qui fut un estimé
défenseur des droits de l’homme et chantre de la lutte contre la corruption en
Guinée, avant d’accéder à la dignité ministérielle.
Peut-être que son discours de
passation de charges porte mieux une partie de ses sentiments. Comme à
l’accoutumée, Mamadou Taran Diallo a dressé de grosses couronnes à Alpha Condé,
qui avait érigé son village en sous-préfecture de Labé.
Mais en lisant ce discours entre
les lignes, on n’y décèle des bribes de réponse notamment à ceux qui n’ont pas
vu son impact lors des trois élections de 2020. En clair, Taran Diallo a semblé
vouloir justifier son apport aux campagnes du référendum, des législatives et de
la présidentielle passés. Il se targue
notamment d’avoir fait la promotion du droit de vote des citoyens sans violence,
à travers le slogan : « Votez pour le candidat de votre choix (que
vous aimez ou qui vous est utile ou les deux), mais absolument sans
violence ». Fin de citation.
Est-il besoin de rappeler à Taran
Diallo que la chose qu’Alpha Condé attend d’un ministre, c’est d’abord et avant
tout sa plus-value politique. Autrement dit, en vous remerciant, c’est comme si
le champion du RPG arc-en-ciel avait voulu vous sanctionner pour votre
engagement seulement en faveur de la non-violence, alors qu’il préférait vous
voir chanter les bienfaits de sa nouvelle constitution et de son 3ème mandat.
En un mot comme en mille, cher Mamadou Taran Diallo, aux yeux des thuriféraires
du régime et du locataire du Palais Sekhoutoureah, à travers votre
campagne anti-violence, vous avez plutôt fait le malin, en refusant ainsi de
mouiller votre boubou au profit du véritable agenda présidentiel. Entre autres,
par exemple, lors de la présidentielle, il fallait plutôt dire aux électeurs de
la Moyenne Guinée ‘’Votez Alpha Condé, qui mérite un 3ème mandat’’, au lieu de
scander « Votez pour le candidat de votre choix, mais absolument sans
violence ».
Finalement, vous l’avez appris à
vos dépens, du référendum à la présidentielle de 2020, ce qui comptait, c’est
l’obtention d’un nouveau bail pour Alpha Condé. Peu importe le climat de
ni-guerre ni-paix dans lequel baignait la Guinée. Et qu’importe aussi votre
souci de vaincre le spectre de la violence porteuse des germes d’une guerre
civile que tous les observateurs lucides redoutaient en 2020.
La preuve, à votre place,
l’actuel chef de l’Etat a choisi une femme qui s’est jetée à corps perdu dans
la bataille en faveur d’une continuité pour lui à la tête de la Guinée. Pour
caricaturer la situation, entre la non-violence et le 3ème mandat, M. Taran
Diallo, votre cœur n’a pas balancé du bon côté. Hélas !