A Niamey, ce jeudi matin, la situation est calme et la population suspendue à l’évolution de la situation. Dans la capitale, les rues se sont vidées après la déclaration des militaires, il n’y a pas eu de rassemblements ou de manifestations comme cela avait été le cas dans la journée. Dans les casernes, pas de mouvement particulier, pas de déploiement militaire non plus.
L’annonce du coup d’État et de la création du Conseil
national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) est survenue dans la nuit, dans
une allocution télévisée. Sur les dix personnalités présentes sur les images,
on a reconnu deux généraux, à savoir le patron des forces spéciales (COS) et le
chef d’état-major adjoint de l’armée de terre. Et des représentants d’autres
corps de l’armée nigérienne un peu comme si les militaires voulaient montrer
que, finalement, ils se sont entendus. Un grand absent cependant, le général Abdourahmane
Tchiani, le patron de la Garde présidentielle.
Intenses tractations
entre militaires
Il pourrait prendre la tête du CNSP. Un autre nom circule,
celui du général Salifou Mody, ancien chef d’état-major des armées nigériennes.
Après une visite officielle au Mali alors qu’il occupait ce poste, il a été
quelque temps après relevé et nommé ambassadeur du Niger aux Emirats Arabes
Unis en juin dernier. Il n’avait pas rejoint son poste.
Ce mercredi a été une journée d’intenses tractations. Le
général Abdourahmane Tchiani, considéré comme étant à l’origine de ce coup de
force, après avoir mis en résidence surveillée le président Bazoum, a eu du mal
à rallier les autres corps de l’armée à la tentative de putsch. La garde
nationale a d’abord répondu « non » et selon nos informations, dans la foulée,
la gendarmerie nationale du Niger a également refusé de le suivre. La situation
s’est même tendue à un moment avec des menaces d’intervention musclée…
D’intenses négociations ont finalement permis d’aboutir à un accord et au texte
lu dans la soirée.
« Nous, forces de défense et de sécurité, réunis au sein du
CNSP, avons décidé de mettre fin au régime que vous connaissez », celui du
président Bazoum, a déclaré le colonel-major Amadou Abdramane Sandjodi,
directeur de l’Information, des Relations publiques et des Sports, entouré de
neuf autres militaires en tenue.
« Ce jour, 26 juillet 2023, nous, forces de défense et de
sécurité, réunies au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie
(CNSP) :
– réaffirmons notre attachement au respect de tous les
engagements souscrits par le Niger
– rassurons la communauté nationale et internationale par
rapport au respect de l’intégrité physique et morale des autorités déchues,
conformément aux principes des droits humains. »
Les frontières
fermées, un couvre-feu instauré, les institutions suspendues
« Toutes les institutions issues de la septième République
sont suspendues. Les secrétaires généraux des ministères se chargeront de
l’expédition des affaires courantes. Les forces de défense et de sécurité
gèrent la situation. Il est demandé à tous les partenaires extérieurs de ne pas
s’ingérer », a poursuivi Amadou Abdramane Sandjodi.
La mise en garde du CNSP contre toute ingérence est
peut-être un message envoyé à Patrice Talon : le président du Bénin était
attendu à Niamey pour une médiation, avant que les officiers ne s’expriment en
fin de soirée. Il faut aussi rappeler que des forces étrangères – les
États-Unis et la France notamment – disposent de troupes militaires sur le
territoire nigérien.
« Les frontières terrestres et aériennes sont fermées
jusqu’à la stabilisation de la situation. Un couvre-feu est instauré à compter
de ce jour, de 22 heures à 5 heures du matin sur toute l’étendue du territoire
jusqu’à nouvel ordre », a ajouté le colonel-major.
Parmi les officiers qui ont participé à la lecture de la
déclaration, on peut citer entre autres le patron des forces spéciales
nigériennes, le général Barmou Batoure, le général Toumba, le chef d’état-major
de l’armée de terre, et le haut commandant de la garde nationale.
La France condamne « toute
tentative de prise de pouvoir par la force »
Les États-Unis d’Amérique ont appelé à la « libération
immédiate » de Mohamed Bazoum, avec lequel Antony Blinken s’est entretenu dans
la journée de mercredi. Depuis la Nouvelle-Zélande où il est en déplacement, le
secrétaire d’État américain a rappelé que les États-Unis apportaient leur
soutien résolu à Mohamed Bazoum « en tant que président élu démocratiquement ».
Le dirigeant avait succédé à Mahamadou Issoufou en avril 2021.
Avec RFI
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