Pendant que l’Union Européenne
passe aux sanctions ciblées contre les éléments de la junte, Lomé, au Togo, qui
vient d’abriter le Forum Paix et Sécurité, vient de connaître un petit miracle!
Alors que les putschistes continuent de maintenir en détention, le président
démocratiquement élu, Mohamed Bazoum et sa famille, qu’ils viennent d’accuser
de tentative d’évasion, fait peu vraisemblable pour ne pas dire irréaliste
compte tenu de plusieurs facteurs, la junte nigérienne par la voix de son
représentant, a affirmé être pour le dialogue.
Aussi étonnant que cela puisse
paraître, c’est la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
(CEDEAO) qui maniait le bâton et la carotte, les négociations tous azimuts et
la menace d’intervention pour déloger, par la force, la junte militaire et
rétablir l’ordre démocratique, que le ministre de l’intérieur nigérien,
évoquant au passage la dureté des sanctions contre les auteurs du coup d’Etat,
accuse de belliqueuse. Le général Mohamed Boubacar Toumba n’a peut-être pas
tort de s’élever contre ces mesures sans commune mesure. Mais il oublie que ce
coup de force nigérien, en plus d’être anticonstitutionnel, ne servait aucun
intérêt du Niger, mais était plutôt au profit de ses seuls commanditaires et
auteurs.
Certes, les représailles
économiques contre le Niger sont drastiques. Mais pouvait-il en être autrement,
la prise du pouvoir par les armes n’étant pas inscrite dans la constitution de
ce pays, malheureusement embarqué dans une spirale sans fin de putschs
militaires, coups d’Etat que la CEDEAO, l’Union africaine et la communauté
internationale portent en aversion? En effet, les putschistes n’y sont pas
allés du dos de la cuillère avec la CEDEAO, qui, elle et certains dirigeants de
ses Etats ont été traités de tous les noms d’oiseaux. Sans oublier les
partenaires de l’organisation sous-régionale, notamment la France, qui n’ont
bénéficié du moindre égard de la part des nouveaux maîtres militaires de
Niamey.
Mais le général Abdourahamane
Tiani et ses hommes ne subissent que des revers, dont la dernière prise de
position des Etats-Unis qui ont fini par reconnaître que l’acte qui a essayé de
renverser le président Mohamed Bazoum le 26 juillet n’est rien d’autre qu’un
coup d’Etat. Après avoir été contraint d’appeler «un chat un chat», ayant
essayé en vain de remettre en place l’ordre constitutionnel, l’Oncle Sam, a
également, comme nombre de pays et d’organisations internationales, fermé le
robinet de l’aide au développement. Toute chose qui complique davantage la
situation socio-économique au Niger.
Ceci explique-t-il cela ? Après
avoir chassé, à la pelle, diplomates et militaires, du pays et isolant de fait
le Niger de ses voisins et de ces partenaires, intensifiant ainsi les affres
des sanctions au niveau de populations qui cherchent toujours à résoudre
l’équation des attaques terroristes meurtrières qui les endeuillent presqu’au
quotidien, le pouvoir kaki d’Abdourahamane Tiani, retrouve-t-il cette lucidité
à même de ramener son pays dans le giron des nations fréquentables ? Il faut
espérer que oui. Dans ce village planétaire qu’est devenu le monde, aucun pays,
encore moins un territoire enclavé sans ouverture sur la mer, comme le Niger,
ne peut vivre en autarcie.
Surtout quand il dépend autant de
l’aide internationale, qui, il faut le reconnaître au passage, distillé à dose
homéopathique aux pays africains, contribue peu ou prou à leur développement.
Le Niger, subissant les assauts meurtriers de la pauvreté et les balles
assassines des terroristes a, plus que jamais, besoin de l’apport et de la
solidarité des autres. Non pas qu’elle tendra la sébile ou se mettra sous le
couvert d’un autre maître, la Russie pour ne pas la nommer, mais simplement
parce que l’union et la solidarité dans la paix et le respect mutuel font la force
!
Oui, la démocratie, et ses
amoureux transis le savent bien, n’a pas fait que du bien à l’Afrique à
laquelle elle fut pratiquement imposée comme un corset. Elle a même servi à des
dirigeants africains à opprimer leurs peuples, se servant de parodie
d’élections pour se maintenir au pouvoir souvent contre la volonté de la masse
dont le bien-être n’a jamais été la priorité des forts du moment. Cependant,
les détracteurs du « pouvoir par le peuple et pour le peuple », n’ignorent pas
non plus qu’un système mieux abouti n’existe pas encore, pour remplacer, en un
coup de baguette magique, la démocratie qui, malgré ses scories, fait davantage
le bonheur du citoyen libre.
En tout cas, les dirigeants militaires nigériens, en dehors de faire fronde à la France, les Nations Unies et d’autres pays et organisations internationales, jusqu’à présent, n’offrent aucune lisibilité crédible de leur action. Ils doivent revenir au temps lorsque celui-ci s’arrêtait ce fatidique, 26 juillet. Cela ne pourra que desserrer l’étau autour des Nigériens. Et à la CEDEAO de prendre ses responsabilités pour devenir une véritable CEDEAO des peuples !
WS