Les apparatchiks du pouvoir déchu peinent à conjurer le mauvais sort qui continue de s’abattre sur eux, dans le cadre de l’opération de reddition des comptes, lancée par les autorités de la transition, sous la coupole de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief). C’est dans cette série noire que l’ancien président de l’Assemblée nationale Damaro Camara et son vice-président Lounceny Camara viennent de rejoindre la Maison centrale de Coronthie, où d’autres personnalités, visées par cette croisade anti-corruption, y avaient déjà pris leurs quartiers. Dont notamment l’ancien locataire du Primo ministère Ibrahima Kassory Fofana. Des personnalités qui semblent subir le contrecoup d’une gestion à la petite semaine, qui fut le lot du gouvernement déchu.
Sur le trio de dirigeants de l’ancien parlement convoqué
devant la Crief jeudi dernier, seul Michel Kamano, l’ancien questeur de la 9ème
législature a pu regagner ses pénates. Les deux autres honorables députés, à
savoir Amadou Damaro Camara et Lounceny Camara ont été écroués, au terme d’un
long interrogatoire, qui s’est achevé tard dans la nuit. Scène rapportée par
des reporters rompus dans le pied de grue qui, en compagnie des proches des
infortunés, ont voulu vivre le suspense jusqu’au bout.
En attendant d’en apprendre davantage sur ce qui serait
reproché à ces anciens barons du régime défunt, les premières bribes
d’informations qui filtrent des sources judiciaires font un lien entre cette
mise en examen de ces cadres, avec des présumés détournements de fonds au sein
de l’ancien parlement.
Cela ne pourrait que mettre de l’eau au moulin des
observateurs qui avaient émis des réserves sur l’opacité qui entourait la
gouvernance financière de l’ancienne Assemblée nationale. Il avait fallu même
un arbitrage présidentiel, dans la foulée des dénonciations de contrats
léonins, attribués à des proches de Damaro, pour que les frondeurs dont Lounceny
Camara, puissent lâcher les baskets au mise en cause.
La prégnance des calculs politiques sur l’orthodoxie
financière avait permis à Damaro d’échapper à la tempête. Mais avec la nouvelle
donne, c’est comme si le répit n’aura été que de courte durée. Même si le fait
pour l’ancien président du parlement de ne pas tomber seul, pourrait constituer
une maigre consolation. Son ancien empêcheur de tourner en rond Lounsény
Camara, qui fut plusieurs fois ministre, après avoir géré la fameuse Ceni, dans
des conditions qui restent à élucider, n’a pas échappé aux griffes de la Crief.
Le troisième homme de la fournée, Michel Kamano, 1er questeur au moment des
présumés faits, à eux reprochés, a été aussi mis en examen. Mais mis en
liberté.
Cet ancien Président du Conseil Économique et Social (C.E.S)
de Guinée, fut également sous la deuxième république, ministre du Plan et de la
Coopération Internationale. Puis ministre de la Communication et de la Culture.
Avec le vent du renouveau, les Guinéens espèrent que les
fossoyeurs de notre économie vont enfin rendre des comptes. Rien avoir avec la permissivité du pouvoir
déchu, qui s’était illustré par une impunité qui frisait l’arrogance.
Mamadou Dian
Baldé