Le conseil des ministres du 27
janvier 2022, du gouvernement guinéen a acté la nécessité de l’organisation
d’un recensement général de la population. Cette décision est une étape
cruciale de la feuille de route de la transition. Il est en conséquence
nécessaire d’expliciter à l’opinion la portée du recensement général de la population
de la Guinée au cours de la transition institutionnelle.
Pourquoi un recensement général
de la population ?
Cette estimation de la population guinéenne n’a pas pris en compte les dynamiques du développement démographique des guinéens de l’étranger. Depuis des lustres la diaspora guinéenne éparpillée en Afrique et dans le reste du monde avoisine près du tiers de la population résidente à l’intérieur du territoire national. L’imprécision des chiffres de la démographie nationale est un handicap pour une meilleure connaissance des réalités guinéennes. Dans ce contexte aucune politique publique n’est viable et efficace.
Les besoins statistiques sont
stratégiques pour la construction nationale. De ces chiffres découlera la
participation de l’Etat au budget des communes dans le cadre de la mise en
œuvre de la décentralisation. En effet l’allocation des ressources publiques
doit être proportionnelle au peuplement de chaque collectivité locale pour
assurer le financement des investissements des équipements collectifs
prioritaires.
Le recensement général de la
population et la transition guinéenne
L’extraction du fichier électoral
à partir du fichier de recensement général de la population et puis la
confection à la fois d’une carte d’identité digitalisée et de la carte
électorale (en recto-verso comme au Sénégal) auront plusieurs avantages :
Ainsi la problématique de la refondation de l’Etat sera effectivement engagée sur des bases solides.
La gouvernance administrative et économique de la Guinée sera par ce biais plus rationnelle et efficace. Les gains de productivité nouvellement acquis de l’administration générale permettront d’instaurer ainsi un climat de confiance entre citoyens et Etat. Le processus électoral qui pourra s’en suivre sera plus lisible et pacifique. Cette voie traduira dans les faits l’attente et les aspirations des populations guinéennes.
La réalisation de ce programme fondateur de l’Etat guinéen nécessitera une durée que seuls les experts statisticiens, démographes et les ingénieurs informaticiens pourront donner une indication précise. Alors, la Guinée aura besoin d’une forte assistance technique et financière de la communauté internationale pour réussir dans un délai raisonnable ce vaste chantier d’utilité publique majeure.
Certaines sirènes font entendre
qu’il faut « abréger » la période transitoire pour « faire vite les élections
». Un bref regard par le rétroviseur est nécessaire pour capitaliser les
erreurs du passé. En effet, la transition du CNDD n’a en réalité était
productive que lorsque Feu Jean Marie DORE pour le compte des Forces Vives a
été nommé Premier Ministre pour un an.
La perte de temps et d’efficacité enregistrée durant l’année 2009 a obligé de précipiter la transition en 2010. La constitution n’a pas été adoptée par voie référendaire. Cette brèche juridique a été exploitée par le Président Alpha Condé pour justifier le changement anticonstitutionnel de 2020. Les élections législatives qui initialement devait précéder les présidentielles ont été interverties pour n’avoir lieu que 3 années après la transition. Les élections communales qui devaient être organisées aussi dans la foulée de la présidentielle de 2010 l’ont été huit ans après.
Bah Oury