La Côte d’Ivoire est dans l’attente d’un Premier ministre, d’un nouveau
gouvernement resserré, et d’un vice-président. La fumée blanche
s’élèvera-t-elle, ce mardi, dans le ciel de Yamoussoukro, plus précisément, de
la cheminée de la Fondation Félix Houphouët-Boigny où le président ivoirien,
sera face aux députés et sénateurs devant qui il adressera son message sur
l’état de la nation? Peut-être oui, peut-être pas.
Mais ce qui est certain, les
genres de ce rituel annuel, ont souvent servi de tribunes à Alassane Ouattara
pour annoncer de grandes décisions, comme celle de ne plus se présenter à la
présidentielle ou d’y aller, contraint par un cas de force majeur. En tout cas,
les pronostics vont bon train sur des noms de Premier ministrables, de ministrables
et de vice-présidentiables.
Comme à l’accoutumée, à Abidjan,
où tout se décide, la rue et les couloirs de l’administration, sans oublier les
«attiékédromes» et les «allocodromes» bruissent de toutes les rumeurs, des plus
sérieuses aux moins inimaginables. Tous les Ivoiriens s’attendent à ce que, en
plus de les rassurer sur la situation sécuritaire qui a fait de leurs voisins
du Sahel, des pays à risques, le chef de l’Etat, prenne les mesures qui
s’imposent pour ramener la cherté de la vie à des proportions raisonnables, à
défaut de l’endiguer.
La paix n’étant pas un mot, mais
un comportement, comme le disait le «Vieux», entendez par-là Félix
Houphouët-Boigny, Alassane Ouattara, mettra sans doute, une fois de plus,
l’accent sur la nécessaire cohésion sociale, que n’hésitent pas à mettre à mal,
les politiciens de tous bords, en mal de popularité.
Mais l’identité du futur
remplaçant de Patrick Achi, le 6e Premier ministre de Alassane Ouattara, après
Guillaume Soro, Jeannot Kouadio-Ahoussou, Daniel Kablan Duncan, Amadou Gon
Coulibaly et Hamed Bakayoyo, polarisera davantage l’attention, tout comme la
coloration de son équipe qui devra subir une cure d’amaigrissement. En effet,
compte tenu de la conjoncture économique internationale difficile et pour diminuer
le train de vie de l’Etat, l’exécutif ivoirien ne sera plus fort des 41
ministres qui composaient l’ancienne équipe. D’où, sans aucun doute,
l’apparition de ministères gigantesques et de deux ou trois ministres géants
qui pourraient être positionnés pour la prochaine élection présidentielle, 2025
n’étant plus loin.
Qui sera donc le nouveau Premier
ministre? On continue de scruter les lèvres de Alassane Ouattara, pendant que
les supputations enflent et que les sacrifices de bœufs, de moutons ou de coqs,
de préférence de couleurs blanche, noire ou rouge, continuent de joncher les
carrefours d’Abidjan, pour le plus grand bonheur des féticheurs et marabouts.
En attendant, le futur PM
ivoirien, si on écarte la surprise du chef, pourrait bien s’appeler Tiémoko Meyliet
Koné, le gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest
(BCEAO) qui a déjà dit au-revoir à ses collaborateurs de Dakar, Abdourahmane
Cissé, le Secrétaire général de la présidence ou encore l’autre fidèle, Fidèle
Sarassoro, le directeur de cabinet de Alassane Ouattara. A moins que le chef de
l’Etat ne ramène, déjouant toutes les prévisions des bookmakers politiques,
Patrick Achi au poste.
Un autre fauteuil qui attend
occupant, depuis que Daniel Kablan Duncan l’a quitté, est bien celui de
vice-président de la Côte d’Ivoire où certains y voient déjà l’ancien ministre
des Affaires étrangères, Ally Coulibaly, l’un des fidèles des fidèles. Mais
est-il encore apte, lui qui a été de tous les combats, donc usé par le temps et
les joutes politiques depuis le Rassemblement des républicains (RDR) au
Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP)? L’autre
question et non des moindres, combien d’opposants seront appelés ou rappelés
aux affaires?
Certes, au nom de la décrispation
socio-politique, Alassane Ouattara fera certainement appel à son opposition.
Mais laquelle? Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire, le mythique PDCI du non
moins dinosaure Henri Konan Bédié, le Front populaire de Pascal Affi N’Guessan
et bien d’autres ministres de quelques autres partis politiques rejoindront, à
coup sûr, les rangs. En sera-t-il de même pour le Parti des peuples africains
(PPA-CI) dont le fondateur, Laurent Gbagbo pour ne pas le nommer, depuis son
retour au pays en 2021, après huit années de démêlées judiciaires à La Haye et
son acquittement en 2019 par la Cour pénale internationale (CPI), est redevenu
l’opposant pur et dur de Alassane Ouattara? En tout cas, ça va se savoir. Et
bientôt!