Procès des événements du 28 septembre : le condensé de la semaine du 03 octobre

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  • 06 octobre 2023 12:32

  • Justice

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Au procès des événements du 28 septembre 2009, les audiences ont repris le mardi 03 octobre devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry, après deux mois de pause due aux vacances judiciaires. C’est la déposition des victimes qui continue. Mamadou Kaly Diallo a été le premier plaignant à être entendu.

L’activiste de la société civile a porté plainte pour des faits de torture. Il en a été victime les jours qui ont suivi le massacre au Stade du 28 septembre en 2009. « Nous, un groupe de jeunes épris de paix, de liberté et de justice, soucieux du climat qui régnait après les événements tragiques du 28 septembre, nous avons pris l’initiative d’organiser une grève de la faim de 5 jours pour appeler les acteurs sociopolitiques à un cadre de dialogue, aussi pour demander l’arrêt des exactions qui s’abattaient sur les populations guinéennes », a-t-il rappelé. La grève de la faim a été organisée à la maison des jeunes de Dixinn le 28 octobre 2009. A la tombée de la nuit, a poursuivi Mamadou Kaly, lui et ses amis ont été perturbés dans leur sommeil. Ils ont été interpellés aux environs de 00h par le colonel Moussa Tiegboro et ses hommes sur fond de violences et d’humiliations, en les qualifiant de terroristes et de narcotrafiquants.

Après avoir été interpellés à la maison des jeunes de Dixinn Port pour avoir organisé cette grève de la faim, les activistes ont été directement conduits au camp Alpha Yaya Diallo, selon Mamadou Kaly Diallo.

En effet, ils ont été conduits au Camp Alpha Yaya, mais précisément dans les locaux des Services spéciaux du Colonel Tiégboro Camara. Ils y ont été menacés de prendre 100 coups de fouet, s’ils ne mangeaient pas chacun une miche de pain devant les caméras, a dénoncé le plaignant. Selon lui, ils ont été ensuite enfermés dans un conteneur. Aux environs de 2 heures, s’est-il souvenu, il a été soumis à un interrogatoire à l’image de ses compagnons d’infortune. Il a aussi transité dans une cellule occupée par des présumés narcotrafiquants entre 7h et 9h avant de se retrouver à l’hôpital Donka. Les personnes interpellées ont été invitées à un dîner aux environs de 22h dans un restaurant à proximité du pont 8 novembre. Elles ont recouvré leur liberté au camp Alpha Yaya Diallo quelques heures plus tard, suite à l’implication du colonel Jacques Touré et Moustapha Koutoubou Sanoh, a révélé la victime. Pour l’activiste, il y a un lien entre sa mésaventure et les événements du 28 septembre 2009. Il pense que lui et ses amis n’auraient pas organisé une grève de la faim s’il n’y avait pas eu de massacre au stade et d’exactions durant les jours qui ont suivi.

Après Mamadou Kaly Diallo dans la matinée, c’est Amadou Bilali Sow qui a comparu dans l’après-midi.

Amadou Bilali Sow est âgé d’une trentaine d'années. Lui aussi s’est constitué partie civile pour coups et blessures volontaires en marge du massacre du 28 septembre en 2009. Il a expliqué qu’il est parti de chez lui à la T6 pour le stade afin de prendre part au meeting des forces vives de la nation à l’époque. Suite à l’irruption des militaires, il a cherché à se sauver à l’image des autres manifestants. Dans la débande, il a été blessé à la tête après avoir reçu des coups de la part des agents. Il a été également blessé aux hanches et aux pieds pour avoir sauté par-dessus un mur très élevé, a relaté Amadou Bilali. S’il dit ignorer l’identité de ses agresseurs, le plaignant a révélé avoir vu le colonel Moussa Tiegboro Camara avant d’accéder au stade. Il a également témoigné avoir vu de nombreux bérets rouges et d’autres agents qui n’étaient pas en tenue. Le jeune a rejoint son domicile le lendemain après avoir trouvé refuge chez une nourrice à la SIG Madina avec d’autres rescapés.

Mamadou Moumini Diallo est la troisième victime qui a fait sa déposition le mardi. Il est né à Dalaba et s’est présenté comme un des gardes du corps de Cellou Dalein Diallo.

Comme ses prédécesseurs, Mamadou Moumini Diallo est constitué partie civile pour coups et blessures. Il faisait partie, selon lui, des agents civils qui étaient chargés de sécuriser le président de l’UFDG dans la journée du lundi 28 septembre 2009. En compagnie donc de son patron, il s’est rendu au stade. Il a rappelé que tout allait bien jusqu’au moment où, les militaires faisaient irruption. En dépit des violences exercées sur lui comme sur d’autres manifestants, il a pu se sauver pour se rendre au domicile de Cellou Dalein Diallo à Dixinn. Là-bas, lui et d’autres personnes ont été surpris par des bérets rouges qui vandalisaient tout sur leur passage, a témoigné l’agent de sécurité. Le lendemain, a-t-il poursuivi, des gendarmes aussi se sont invités sur les lieux. Il est alors repéré, pourchassé, interpellé et bastonné. Mamadou Moumini Diallo dit s’en être sorti avec un pied fracturé et ses deux téléphones retirés. Il est secouru par les riverains et conduit à l’hôpital Donka où il a passé quatre jours. La partie civile dit avoir fait le reste de son traitement chez les tradi-praticiens faute de moyens. Jusqu’à présent, a-t-elle martelé, il continue de garder les séquelles de ses blessures. Avant de finir, Mamadou Moumini Diallo a témoigné avoir pleuré après avoir vu des agents déchirer des habits des femmes pour abuser d’elles. Il ignore l’identité de ses agresseurs, mais tient le colonel Moussa Tiegboro pour responsable de sa mésaventure et demande justice.

 Mercredi, trois nouvelles victimes ont été entendues par le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel de Conakry dans la matinée. Il s’agit de Alseny Camara, de Abdourahmane Diallo et d’Amadou Korka Diallo.

Alseny Camara a été le premier plaignant à faire sa déposition. Il est né à Gaoual et est âgé de 45 ans. Il a porté plainte pour coups et blessures volontaires. De Samatran en passant par Sonfonia, il s’est rendu au stade du 28 septembre en compagnie de ses amis commerçants pour assister au meeting des forces vives de Guinée en 2009, a expliqué le quadragénaire. Aussitôt arrivé dans cette enceinte sportive, les premiers coups de gaz ont commencé à retentir. Pendant qu’il cherchait à se sauver, a relaté le plaignant, il s’est retrouvé nez à nez avec un gendarme qui lui a retiré une somme de 300 mille francs guinéens et son dossier. Malgré quelques blessures, Alseny Camara a pu s’en sortir. Alors qu’il tentait de retourner à son domicile, il a croisé des bérets rouges au quartier Commandayah dans la commune de Dixinn. Ces militaires ont tiré sur les deux personnes avec lesquelles il cheminait. Lui qui a eu la chance a été poignardé à la tête à l’aide d’un couteau. Il est tombé et a perdu connaissance, s’est-il souvenu. Abandonné à son triste sort, il est secouru par les populations. A cause de la gravité de ses blessures, il est transporté à l’hôpital Donka après avoir transité au Centre de santé de Commandayah. Alseny a informé avoir passé trois mois dans cet établissement sanitaire. Pendant qu’il y séjournait, il dit avoir appris à partir de son lit de malade, que le colonel Abdoulaye Chérif Diaby, l’ex-ministre de la santé est passé proférer des injures à l’encontre des blessés. A la suite de Alseny Camara, deux autres victimes ont fait leur déposition le même jour avant la pause de la mi-journée. C’est Abdourahmane Diallo et Amadou Korka Diallo. Tous se sont constitués parties civiles pour coups et blessures. Le premier a été poignardé dans le dos par un gendarme en marge du massacre et le pied du second a été fracturé par un élément de l’anti-drogue bien avant l’ouverture du stade.

Après la pause de la mi-journée, deux nouvelles victimes ont fait leur déposition. Il s’agit de Thierno Barry et d’Alpha Nalla Bah

Thierno Barry est né à Mamou et est âgé de 55 ans. Il s’est constitué partie civile pour coups et blessures. L’homme s’est présenté comme un militant et sympathisant de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée. Comme beaucoup d’autres victimes, lui aussi, était au meeting des Forces vives de la Nation au Stade du 28 septembre en 2009. Suite à l’irruption des militaires, a-t-il expliqué, il a été violenté à plusieurs reprises. Le quinquagénaire a eu des fractures à la fois au pied et au bras, a-t-il affirmé. Ses deux téléphones et une somme d’argent lui ont aussi été retirés. Pour éviter de recevoir de nouveaux coups, il s’est fait passer pour un mort. C’est ainsi qu’il a été ramassé avec les corps, a rappelé le plaignant. A l’hôpital Donka, pour éviter qu’il soit déposé à la morgue, il a remué les pieds, a ajouté Thierno Barry. Il s’est fait traiter entre les hôpitaux et l’indigénat. Cependant, il continue de traîner les séquelles de ses blessures, a-t-il martelé. Après Thierno Barry, c’est Alpha Nalla Bah qui a comparu. Lui aussi affirme avoir été violenté au stade alors qu’il cherchait à sauver sa tête en marge du massacre du 28 septembre occasionnant la fracture d’un de ses pieds. Il a été transporté à l’hôpital Donka par les soins de La Croix rouge. Le plaignant a témoigné avoir vu des scènes de viols au stade, le pillage de la pharmacie par des bérets rouges et le passage de l’ex ministre de la santé à l’hôpital Donka. Selon le quinquagénaire, le colonel Abdoulaye Cherif Diaby a traité les blessés avec dédain et ses éléments donnaient des coups de pieds à d’autres. Les versions d’autres victimes sont encore attendues. En entendant, la suite du procès est renvoyée au 09 octobre prochain.

Une synthèse de Sékou Diatéya Camara

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