Procès du massacre du 28 septembre : la synthèse de la semaine du 13 février 2023

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  • 17 février 2023 08:56

  • Justice

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Le procès des événements du 28 septembre 2009 s’est poursuivi cette semaine devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d'Appel de Conakry. Paul Mansa Guilavogui a de nouveau comparu à la barre. Son interrogatoire s’est poursuivi avec les avocats de la défense.

Lundi, il a commencé par répondre aux questions de Me Abdoulaye Keita, un des conseils du colonel Moussa Tiegboro Camara. Précédemment, l'accusé avait affirmé que derrière les sévices corporels dont il a été victime après son arrestation en 2009, il y avait le colonel Moussa Tiegboro. L’avocat de ce dernier a défendu que son client était à l'époque au Maroc pour des raisons de maladie. Me Abdoulaye Keïta est allé jusqu’à demander à Paul Mansa Guilavogui si après quelques jours, il n’a pas réalisé qu'il a fortuitement accusé Moussa Tiegboro et ses hommes. L'accusé répond qu'il n'a aucun regret et qu'il ne peut nullement être poursuivi par Tiegboro pour accusations fortuites. Il a continué de répondre aux questions d’autres avocats de la défense. L'accusé a alors rappelé que lorsque Toumba Diakité tirait sur le capitaine Moussa Dadis Camara au camp Koundara, il était chez lui à Sangoyah dans la commune de Matoto. Il sera arrêté à 19 h le même jour, non loin de la même caserne, par des militaires à la trousse de Toumba. Il reconnaît avoir été reçu par le doyen des juges d'instruction, mais n'a apposé aucune signature. Il avoue également qu'il a refusé d'engager un avocat devant le juge d'instruction parce qu'il ne lui a pas montré la personne qui a porté plainte contre lui, pour non-assistance à personne en danger, a-t-il expliqué. Il ressort du procès-verbal de Paul Mansa Guilavogui, que Toumba Diakité et Beugré, ancien commandant du camp Koundara sont tous allés au stade avec chacun son équipe. Interrogé à propos ce lundi, l'accusé a répondu qu'il ne l'a jamais dit. Son interrogatoire a mis fin à la première phase du procès. Celle qui consiste à interroger individuellement les accusés à la barre.

Mardi, la deuxième phase a été amorcée. Elle consiste à entendre les parties civiles aussi, sur le motif de leurs plaintes. Et le tout premier plaignant qui a invité à la barre s'appelle Oury Baïlo Bah.

Oury Baïlo Bah est un avocat de profession né en 1970 à Pita. Il dit s'être constitué partie civile dans cette affaire, pour avoir perdu son petit frère du nom d'El hadj Hassan Bah. Selon Oury Baïlo, son petit frère s'est retrouvé au stade sans le savoir pour avoir été emporté par la vague des manifestants. Il a expliqué que Hassan Bah est sorti de la maison le 28 septembre en 2009 pas dans l'intention d'aller au stade, mais pour aller assister à un baptême dans la belle famille d’un de ses amis. Oury Baïlo déclare qu'il est resté en contact avec son petit frère, de son arrivée au stade jusqu'au moment où il a cessé de répondre à ses appels. El Hassan Bah lui rapportait selon lui, l'arrivée des gendarmes et des bérets rouges au stade, le retentissement des premiers coups de feu et la fusillade de deux victimes par des gendarmes en présence du colonel Moussa Tiegboro Camara. Constant que son petit frère ne répondait plus aux appels, et qu'il y a eu des massacres au stade, Oury Baïlo dit avoir mené des recherches durant tout le reste de la journée, en vain. C'est finalement à 18h qu'il sera informé du décès de son petit frère. Il se met alors en mouvement dans le but de retrouver son corps. Le plaignant dit l'avoir identifié à la morgue du CHU Donka où il a récupéré 7000 gnf et une clef qui lui restaient dans la poche. Il témoigne que lui et d'autres personnes qui cherchaient leurs proches, ont été chassés des lieux par des bérets rouges, en présence de l'ex-ministre de la santé, Abdoulaye Chérif Diaby. Depuis lors, a-t-il regretté en pleur, le corps de son petit frère n'a plus été retrouvé même à l'esplanade de la mosquée Fayçal où certains corps ont été restitués à leurs parents. « Nous n’avons même pas une tombe où nous recueillir monsieur le président », a-t-il déploré en larmes à la barre. 

Oury Bailo Bah a déclaré qu’il poursuit le CNDD et l’armée guinéenne, mais au même moment il dit qu’il ne sait comment son petit frère a trouvé la mort au stade

Après ses explications préliminaires, le plaignant a été interrogé par le juge, des magistrats du parquet, les avocats de la défense et ceux des parties civiles. En répondant aux questions de Me Bomby Mara, le conseil du colonel Abdoulaye Chérif Diaby, Oury Bailo Bah a expliqué que les 57 corps qui avaient été annoncés par les autorités du CNDD, n'ont pas été tous exposés à l'esplanade de la mosquée FAYÇAL. N'ayant pas retrouvé le corps de son frère à l'esplanade de la mosquée Fayçal, il dit avoir procédé à un test ADN sur le corps d’une victime qui lui ressemblait. Ce test qui a été fait à Lyon, en France, s'est révélé négatif a-t-il rapporté. Ensuite le plaignant a révélé qu’il poursuit le CNDD et l'armée guinéenne pour avoir perdu son petit frère le 28 septembre en 2009. Mais est-il mort par balle ou pas ? la question lui a été posée par Me Salifou Béavogui, un des avocats de la défense de Kalonzo. Oury Baïlo a répondu qu'il ne sait pas jusqu'à présent comment El hadj Hassan Bah est mort exactement. Puisque sa plainte vise le CNDD et l'armée guinéenne, est-elle précise ? a enchainé Me Moussa Sovogui, avocat du colonel Moussa Tiegboro Camara. Le plaignant pense que sa plainte est précise parce que dit-il, c'est un crime de masse, perpétré sous le magistère d'un groupe de personnes bien connues. Selon Oury Baïlo Bah, son petit frère était marié, mais n'a pas fait d'enfants.  Son départ prématuré a plongé sa maman dans un choc sans précédent. Elle en est décédée par la suite, a relaté l’avocat plaignant.

Le procès des événements du 28 septembre 2009 est renvoyé au 20 février pour la suite des débats. Il s'est déroulé ce mercredi à huis clos devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d'Appel de Conakry.

Le huis clos a été décidé par le juge sur la base de l’article 397 du code de procédure pénal. Parce qu’après avoir comparu à la barre, la plaignante née en 1977 à Conakry a sollicité qu'elle soit entendue à huis clos pour avoir été victime de viol au stade. Avant cette décision de Ibrahima Sory 2 Tounkara, le sujet a été mis en débat. Les avocats des parties civiles ont opté pour le huis clos en vue de protéger la dame et sa dignité arguant que c'est une mère de famille. « Nous sommes dans un procès pénal qui obéit à des règles. Et en la matière, il est clairement indiqué à l’article 397, que si des poursuites sont engagés du fait des violences sexuelles et de tortures, le huis clos est de droit si la partie civile le réclame » a rappelé Me Alpha Amadou DS Bah. Les différents avocats de la défense n’ont pas entendu de cette oreille. Ils ont plutôt sollicité la comparution de la victime à visage découvert pour permettre au public de comprendre ce qui s'est réellement passé. « Nous on n’est pas sûr que la nécessité   puisse s’imposer. Dès lors que la victime elle-même parle tous les jours de cette affaire dans les médias. C’est pour cela que nous pensons qu’il faut faire droit à ce qu’ont dit le parquet et les avocats de la défense. On va continuer avec les débats en ce qui la concerne » a répliqué Me Jocamey Haba. En dépit de la réplique de l’avocat, le juge a ordonné le huis clos. Au sortir de l'audience, les avocats de la défense comme Me Pépé Koulémou ont indiqué n'avoir pas été convaincus des propos de la victime. Pendant ce temps, les avocats des parties civiles ont parlé de victoire parce que la victime a eu droit à la parole. Les débats se poursuivent le 20 février prochain.

Sékou Diatéya Camara

 

 

Commentaires (1)

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    ziouyn

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