La Côte d’Ivoire se prépare activement à accueillir la grand-messe du
football africain. En effet, le ballon rond rebondira sur les bords de la
lagune Ebrié pour le grand bonheur des amoureux du foot magique et rassembleur.
Si de Yamoussoukro à Abidjan en passant par Bouaké, pas grand-chose ne
l’annonce, en dehors des débats sur les réseaux sociaux concernant la
construction des stades officiels et autres terrains d’entraînement, la Coupe
d’Afrique des Nations 2023, prévue pour janvier-février 2024, sera pourtant un
événement grandiose. Car le peuple ivoirien sait servir l’eau de l’akwaba* à
l’étranger. Le match d’ouverture aura lieu le samedi 13 janvier 2024 au stade
Alassane Ouattara d’Ebimpe, à Abidjan. Et au soir du 11 février, le monde
entier applaudira la Côte d’Ivoire pour l’organisation, mais aussi les successeurs
des Lions du Sénégal qui dominent actuellement le football africain, de toute
la majesté propre au roi de la forêt.
Mais en attendant ces rencontres
sportives palpitantes qui se profilent à l’horizon, c’est un autre grand match
que la Côte d’Ivoire se prépare à vivre. Non plus sur le gazon vert, mais
autour des urnes des Régionales et Municipales. C’est donc dans l’arène
politique que descendront les candidats des différents partis du pays. Qu’ils
soient du pouvoir ou de l’opposition, ils ne se feront aucun cadeau pour
occuper le terrain politique. L’occasion sera certainement saisie par les
militants de l’opposition pour grapiller des voix dans les régions, communes et
villages où règne en maître absolu le pouvoir, mais surtout pour arracher au
Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), des pans
importants de sa suprématie totale de cette dernière décennie.
Le RHDP, conscient de l’adversité
qui a renforcé ses rangs, non seulement avec le retour au bercail de l’ancien
président ivoirien Laurent Gbagbo et la mise en orbite de son Parti des peuples
africains (PPA-CI), mais aussi avec le désamour entre le président Alassane
Ouattara et son «aîné» Henri Konan Bédié, est désormais bras dessus, bras
dessous avec le Front populaire ivoirien (FPI) de Pascal Affi N’Guessan. En
face, une idylle naissante entre le Parti démocratique de Côte d’Ivoire
(PDCI-RDA) et le PPA-CI devrait amener les deux partis à couvrir l’ensemble du
territoire national et mettre leurs forces ensemble pour faire vaciller le RHDP
sur ses fondements. Certes, cette alliance entre le PDCI, parti de Droite et le
PPA-CI de la Gauche, ne peut être que contre-nature. Sauf que ce concept est
inconnu dans le répertoire politique où les mariages et les divorces de
circonstance sont monnaie courante.
Dans ce match époustouflant qui
servira de jauge aux forces des dinosaures de la politique ivoirienne, le
Mouvement Génération capable (MGC) de Simone Gbagbo et le Congrès panafricain
pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep) de Charles Blé Goudé, le
«fils» de Laurent Gbagbo, joueront-ils simplement les arbitres ou
accepteront-ils le banc de touche de l’une ou de l’autre équipe, pour se donner
des chances d’exister, en attendant l’heure de revendiquer une place de
titulaires? En tout cas, nonobstant la sortie des rangs de certains militants
rebelles comme la députée de Cocody, Yasmina Ouegnin du PDCI qui, en se jouant
de la dictature du parti, s’illustre, avec réussite, le match devrait se jouer
entre RHDP-FPI et PDCI-PPA-CI, si ces deux formations parviennent à se dire
«oui».
A l’heure de la victoire, ou de
la défaite, chacun saura faire ses comptes. Pourvu que tous, leaders et
militants de base, se mettent dans une logique d’élections apaisées afin que,
pour une fois, et peut-être pour les prochaines élections, les démons de la
violence s’éloignent des urnes! Il en va de la paix dans une Côte d’Ivoire en
mode réconciliation et cohésion nationale!
Et la Côte d’Ivoire pourra alors
attendre ses hôtes pour la CAN 2023, qui se jouera début 2024! Dans la
sérénité, si les politiciens le veulent bien!
WS